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A ne pas confondre avec les films de Johnny Depp


De verdun, le 5 septembre 2020 à 23:20
Note du film : 4/6

Jamaïque, 1718. Le pirate Ned Lynch (Robert Shaw) et Jane Barnet (Genevieve Bujold), une femme au fort caractère issue de la noblesse, joignent leurs forces pour débarrasser l'île du joug du tyran Lord Durant (Peter Boyle).

1976. Cela maintenant fait près de vingt ans que les pirates et corsaires ont presque totalement déserté les grands écrans américains. Le pirate des Caraïbes apparaît donc comme une tentative méritoire de redonner vie à un genre mort et enterré. Le triomphe remporté par Les dents de la mer l'année précédente n'est sans doute pas étranger à cette entreprise risquée, puisqu'on retrouve ici l'un des acteurs principaux (Robert Shaw) et le studio (Universal) ayant produit le fameux Jaws. Quoiqu'il en soit, le résultat vaut le détour pour les amateurs de films d'aventures maritimes.

L'ensemble est franchement réussi sur le plan visuel. La mise en scène de James Goldstone, réalisateur d'habitude peu inspiré, est tout à fait satisfaisante, exploitant au mieux les possibilités offertes par le cinémascope et des paysages mexicains qui recréent idéalement la Jamaïque du XVIIe siècle. L'exotisme que l'on attend de la part de ce type de productions est bien présent. Les scènes d'action sont bien dirigées. Il y a un beau bateau, copié sur le Golden Hind de Sir Francis Drake, et des décors et des costumes de qualité. Sans oublier la très belle photo du grand Philip Lathrop.

Le casting est intéressant. Peter Boyle est parfait dans le rôle du tyran cruel et visqueux qu'on adore détester. Geneviève Bujold incarne avec talent une femme issue d'une famille importante dégradée par le despote de l'île. Quant à Robert Shaw, tout juste sorti du triomphe des dents de la mer, il possède le charisme exigé par un tel rôle de flibustier intrépide. En revanche, force est de constater que Shaw ne colle pas tout à fait ici à son personnage, alors qu'il était le Quint idéal dans le classique de Spielberg : en effet, cet excellent comédien est sans doute un peu trop vieux et trop massif pour jouer les pirates agiles et les charmeurs impénitents à la Errol Flynn. Il avait déjà campé un personnage similaire dans la série de la BBC The buccaneers tournée… vingt ans auparavant! Le rôle de Ned Lynch aurait sans doute dû être réécrit pour se conformer davantage aux caractéristiques de l'acteur en 1976.

On peut regretter cette inadéquation entre le personnage et l'acteur qui l'incarne. Le bât blesse également au niveau du scénario. Comme souvent dans les réalisations de ce genre, l'intrigue manque d'originalité: ici il s'agit de renverser le tyran et puis c'est tout. Certains rôles secondaires manquent également d'épaisseur, notamment celui confié à Anjelica Huston, laquelle est privée de parole durant l'intégralité du film ! La fin est trop abrupte. Et l'humour, visiblement inspiré de la version Richard Lester des Les trois mousquetaires (1973), fait plus ou moins mouche. En revanche tout ce qui concerne l'alliance improbable entre le pirate rustre et l'aristocrate de haute lignée est très bien vu.

Globalement Le pirate des Caraïbes est tout de même une modernisation réussie du films de pirates. En 1976, Nous ne sommes plus à l'époque des maquettes, du tout-studio et du carton-pâte, mais pas encore à l'ère des effets numériques. A sa sortie, le film de James Goldstone sera un échec commercial cuisant, tout comme Pirates dix ans plus tard et L'île aux pirates vingt ans plus tard. Il faudra attendre 2003 pour voir les pirates renouer le succès au box-office avec un film presque homonyme: Pirates des Caraïbes de Gore Verbinski.


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