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Les matins qui chantent


De Impétueux, le 5 octobre 2016 à 20:43
Note du film : 3/6

Il ne faut pas aller chercher bien loin la source de l'inspiration d'Henri Aisner qui a réalisé en 1954 sur la commande du Parti communiste un film de célébration du cinquantenaire du journal L'Humanité. La terre fleurira est bâtie sur le même modèle que La vie est à nous, mêmement œuvre de propagande, mise en scène par Jean Renoir en 1936.

Dans l'un et l'autre film, on voit de braves types courageux qui, souvent avaient des préjugés contre le Parti, se rallier à l'exemple de camarades déjà convertis et acquérir la grâce révolutionnaire. L'histoire de ces militants entremêlée avec des images puisées dans l'actualité et présentant les grandes figures du parti en réunion publique et en meetings fait l'essentiel de l'ouvrage ; ce qui n'est pas un gage de qualité cinématographique mais qui est tout à fait passionnant pour qui s'intéresse à ces temps enfuis.

1954, c'est sans doute l'apogée du Parti, fondé à Tours en 1920, qui a connu beaucoup de vicissitudes avant la Guerre, n'a pas fait grand chose pendant les premiers temps de l'Occupation mais, après l'attaque allemande contre l'Union soviétique en juin 1941, s'est brusquement réveillé et a acquis dans la Résistance honneur, respectabilité et un prestige que l'on n'imagine plus aujourd'hui. Intellectuels, acteurs, artistes, scientifiques, philosophes, professeurs, historiens, cinéastes composent autour de lui une galaxie éblouissante qui permet aussi, par son aura, de ne pas trop montrer les purges successives qui animent la vie du Parti et le vident de ses authentiques chefs de guerre, Tillon ou Lecoeur (mais c'est là une constante du mouvement communiste international ; voir ce que j'ai écrit sur L'aveu de Costa Gavras).

Donc 1954, un an après la mort de Joseph Staline. Ce qu'on a appelé le bonheur d'être communiste a reçu un rude choc avec la disparition du Petit père des peuples ; mais l'émotion internationale, les mille témoignages d'affliction, les millions de gens en deuil, tout cela, c'est encore une raison d'être certain d'avoir raison. Et, avant la révolte de la Hongrie écrasée dans le sang, avant les révélations du XXème Congrès (celui de la déstalinisation du PCUS) qui entraineront le départ de beaucoup de compagnons de route et de militants, 1954, c'est une année faste où le PCF se présente seul contre tous.

La terre fleurira est toute à la gloire des CDH, les Comités de diffusion de l'Humanité, vendeurs bénévoles qui allaient proposer le journal à la criée sur les marchés, à la sortie des ateliers et des usines, dans les voies passantes. Et le cinéaste, après un large panorama lyrique sur villes et villages irrigués par la Bonne parole, donne la parole à trois de ces volontaires. Félicien le métallo attiré à la Révolution par son copain César (Paul Préboist, seul acteur connu du film) a conduit la grève contre le patron qui voulait baisser les salaires ; Yvon, le pêcheur dieppois a trouvé dans sa barque des exemplaires du journal clandestin que portait un jeune résistant assassiné par les Allemands et a pris sa relève ; et Raymond, le petit paysan est le fer de lance de la lutte contre l'implantation dans son village d'une base étasunienne…

On le voit, c'est de la légende dorée, animée par une ritournelle composée par Jean Wiener : Il y a le blé et le vin, il y a la laine et le lin, et L'Huma dans toutes les mains, sur tous les chemins, L'Huma

C'est charmant comme le temps passé…


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