Le film tout entier est l’histoire, le récit, d’une haine, et c’est tout. La haine est affirmée dès le début, dans l’inscription sur le mur : «Stupide vieille Allemagne. Je hais cet endroit. J’espère pouvoir m’en aller bientôt. Patricia 1. 3. 68».
Puis il y a la rue avec les filles [Straub dit «girls»]. Puis il y a la pièce de théâtre, réunissant les personnages, qui se placent d’eux-mêmes contre la citation de Mao peinte sur le mur du fond. Qui dit : «Si les archi-réactionnaires du monde, même aujourd’hui, demain et après-demain…» C’est de nouveau caché, vous ne pouvez pas la lire. L’ennemi est flexible, de toute façon. Et devant tout ça, il y a un spectacle bien précis. Ce n'est pas seulement une parodie de théâtre bourgeois. Les personnages qui apparaissent plus tard jouent dedans, et la lutte des classes commence déjà à y apparaître.
Puis il y a la menace du maquereau [Rainer W. Fassbinder] avec la police, et le coup de feu, et le Noir [James Powell] est là. En fait, tout le film est vraiment le point de vue du Noir. Il est à la fois le spectateur de la pièce, et un type qui roule en voiture le long de la rue à Munich, où les filles sont dans la nuit avec leurs parapluies, et où les motards les abordent. Et plus tard il est le garçon marié par un Jésuite dans une scène théâtrale de liturgie catholique et il est à la fois acteur et en-dehors de toute l'histoire.
Le film est entièrement un regard sur la décadence occidentale. Et à la fin il y a le coup de feu de la fille [Lilith Ungerer] qui s’est mariée avec le Noir et qui n’hésite même pas à tirer, parce que sa haine la libère, ou plutôt, sa haine se libère elle-même. On voit clairement à la fin du film qu’il y a une Utopie libérée, mais la fille est brûlée. Elle est brûlée par sa haine.
(Entretien avec Joel Rogers, 1976, pour Jump Cut, traduction sites.google.com/site/straubethuillet)
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