Même si vous n'y allez pas de main morte, je suis globalement de votre avis. Rétroactivement, j'y ai surtout pris du plaisir à reconnaître une pléiade de seconds couteaux, aux visages bien connus des amateurs de cinéma français. Certains d'entre eux ont du être tellement contents d'apparaître en haut de l'affiche, qu'ils ont probablement oublié de lire le scénario avant d'accepter un rôle où ils n'étaient pas simplement les acolytes ou souffre-douleur d'un monstre sacré, tels Belmondo, Delon ou Ventura. Le pire est que dès la première scène où Henry Silva s'échappe de prison, on saisit vers quoi on va. Mais l'attention reste je crois possible à maintenir jusqu'à l'étrange scène finale, du même acabit que l'introduction. Bref, personnellement je ne déconseille pas totalement ce film kitsch, car il sent quand même bon la bonne période du cinéma français. Ses grandes gueules le sauvent! Quant à Yves Alfonso, je continue de m'étonner à chaque fois de ses similitudes physiques – et même gestuelles – qu'il possède avec Jean-Paul Belmondo. Un DVD que j'ai trouvé dans un magasin de deuxième main, et pour lequel j'ai beaucoup de compassion: jusqu'aux bonus et à l'interview – certes très intéressante – d'André Pousse, tout y est techniquement médiocre.

Sans doute poussé par une vieille affection pour Henry Silva, inoubliable en serviteur coréen karatéka dans Un crime dans la tête, et surtout en tueur dans "Johnny cool", j'ai voulu jeter un coup d'oeil sur L'insolent, un polar qu'il tourna en France au début des années 70. Signé d'un réalisateur totalement inconnu au bataillon, c'est une sorte de jeu de massacre d'une maladresse inouïe, qui évoque par moments un Lautner sans la dimension parodique. Les voyous sont joué par André Pousse, Philippe Clay, Yves Afonso qu'on a vraiment du mal à prendre au sérieux, et Silva lui-même promène son visage figé et son brushing, comme un zombie. C'est tellement mauvais que ça en devient parfois surréaliste : une technique de film porno, un dialogue à l'avenant, et un scénario qu'on aurait refusé dans Les cinq dernières minutes. Bref, L'insolent est un film mutant, dont on peut se demander à quel public était destiné ce film, même en 1973; et surtout ce qui a motivé l'édition DVD 33 ans plus tard. Silva revint en France pour Les hommes, et pour jouer un vilain caïd corse face à Bébel dans Le marginal, qui font figure d'oeuvres majeures, comparés à cette première incursion. Franchement, vu les films importants du cinéma français, que nul ne songe à sortir (on ne va pas refaire la liste des lamentations !), à quoi pensent les éditeurs, quand ils déterrent un machin pareil ?

PS : Si la musique est horrible tout du long, la chanson finale (de Georges Chelon !!!) dépasse l'entendement.