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Mon Dieu, comment suis-je tombé si bas ?


De Impétueux, le 9 septembre 2011 à 11:06
Note du film : 1/6

Dans la carrière du prolifique Jean Boyer, il y a quelques petits colifichets d'époque charmants, comme Un mauvais garçon ou Abus de confiance, au moins une jolie pièce très finement travaillée, Prends la route, et deux bijoux délicieux, Circonstances atténuantes (toujours non édité en DVD ! Une honte ! Ah revoir Comme de bien entendu ! chanté par Arletty et Michel Simon !) et aussi Nous irons à Paris avec l'orchestre de Ray Ventura et la toute jeune Françoise Arnoul.

De bien gentils films, mais aussi du toc et de la verroterie, notamment vers la fin de carrière ; quelques pénibles choses avec Fernandel ou Fernand Raynaud ou, pire, Darry Cowl… Ça tire à la ligne et ça sent la fin.

Mademoiselle et son gang est, malheureusement, de cette imbuvable veine. Ce n'est pas que ce soit mauvais, mauvais ; c'est même moins prétentieux que bien des nanars de la même époque (1957), ceux joués par Eddie Constantine par exemple. Line Renaud, bien qu'elle soit un peu trop âgée pour le rôle (elle a alors 29 ans, et l'héroïne est censée en avoir 18), a de l'abattage et un certain charme, le scénario est presque ingénieux dans sa bêtise infinie et ses quiproquos téléphonés, les têtes des Parisiens d'alors et les bistrots qu'ils fréquentent ont quelque chose d'exotique, les kiosques à journaux offrent aux acheteurs une infinie quantité de quotidiens aujourd'hui disparus (L'Aurore, Paris-Presse l'Intransigeant, Le Populaire)

Il y a aussi quelques dialogues assez stupéfiants dans un argot qui connaissait alors son âge d'or, popularisé par Frédéric Dard ou Albert Simonin, le Grisbi et la Chnouf et qui fut détrôné bien plus tard par le verlan des Cités et par le on-ne-sait-quoi de maintenant, bouillie de mots issue des mangas et des sms.

Quelques trucs qui ne passeraient plus à notre époque vertueuse où, pour décrire un quartier mal famé on dit qu'il est plein de bougnoules, de pédoques, de caïds, où M. Paul (Philippe Nicaud), censé être un marlou de haute stature, après avoir corrigé de deux beignes Agnès (Line Renaud), qui s'est fichue de lui, lui lance Ça t'apprendra à charrier l'Homme (et cet Homme générique, plein de la bonne conscience du Milieu, est un vrai délice !), où encore, devant les clients assemblés, le patron du bistro lit qu'Agnès a gagné le prix de la nouvelle policière organisé par le magazine Détective : Tout ça dans l'ciboulot d'une gonzesse… j'en reviens pas !. De nos jours, les Chiennes de garde ou Osez le féminisme publieraient des tribunes indignées dans Le Monde et Libération et feraient signer des pétitions…

Mademoiselle et son gang ne mériterait pas au demeurant un tel déchaînement de correction politique et morale, par son insignifiance bon enfant ; parce que, à part les rares qualités exprimées plus haut, il reste un petit truc poussif, avec un Jean Carmet qui n'était déjà pas alors un débutant, mais qui est encore bien médiocre qui forme avec Christian Duvaleix un drôle de duo de malfrats minables (avec quelques pointes à tonalité homosexuelle, et bien que les deux loustics soient l'un et l'autre amoureux d'Agnès) et des péripéties bien prévisibles. Même l'assez habituellement grandiose Noël Roquevert paraît un peu éteint ; c'est dire !


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