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Naïves obsessions


De Impétueux, le 8 août 2009 à 16:14
Note du film : 3/6

Ah, c'est beaucoup, beaucoup moins bien que Les galettes de Pont-Aven, dont la joyeuse outrance, le culot débridé ne pouvaient pas laisser indifférent ! Ce n'est pas ennuyeux, non plus, parce que Joël Séria a sûrement bien des défauts, mais pas celui d'être filandreux ou languissant… Mais emporté par un sujet tout de même un peu court, par trop focalisé sur les deux interprètes principaux, Jeanne Goupil et André Dussollier, le réalisateur ne parvient pas à faire vraiment entrer dans le jeu les autres acteurs, si excellents qu'ils sont, Bernard Fresson, Andréa Ferréol ou François Perrot, dont les interventions apparaissent, dès lors, un peu plaquées artificiellement sur un sujet d'apparence hardie, et en réalité, d'un grand schématisme…

Dans un petit coin de la France paisible, entre la Dordogne et de la Charente-Maritime, une jolie petite orpheline de 17 ans, élevée par ses grands-parents et un peu retardée mentalement, Marie, (Jeanne Goupil) épouse Claude, un riche et séduisant notable (André Dussollier), qui a bien le double de son âge et qui possède une admirable collection de poupées de porcelaine anciennes, à bottines, robes à panier et boucles de cheveux à l'anglaise. Il transforme vite sa femme en une de ses poupées, une poupée animée, amoureuse, obéissante et avec qui il joue chaque soir à un jeu trouble de dénudement…

Sans doute la lassitude intervient-elle vite, de ce fétichisme trouble et Claude commence un peu à s'évader, tout en prêtant son jouet de chair à un couple d'amis ambigus, dont la femme, Ida (Andréa Ferréol) a, pour la douceur féminine, quelque inclination… Et puis Claude est de moins en moins enclin à jouer avec sa poupée, qui en est frustrée et commence à s'approcher de plus en plus souvent des logis de service de la grande maison, où l'homme à tout faire, Sergio (Bernard Fresson) présente un robuste tempérament vital, au rebours des afféteries sophistiquées de son maître…

Marie-poupée est de plus en plus familière du monde rustaud et vigoureux, de plus en plus proche de Sergio qui, un soir, comme de juste, saisit ce qu'il croit être une bonne fortune, découvre que la jeune fille est toujours vierge…mais reçoit, pour prix de sa découverte un coup de couteau dans le flanc ; en s'enfuyant dans la nuit, Marie heurte une branche d'arbre violemment et se tue, alors même que Claude, en voyage quelque part, est en train d'étendre sur un lit d'hôtel une toute petite fille…

Sulfureux, donc, sans doute, le film est un catalogue d'obsessions malsaines, fétichisme (les bottines lacées, comme dans Le journal d'une femme de chambre) et pédophilie, sur fond d'impuissance du maître et de virilité puissante du valet (comme dans L'amant de lady Chatterley), mais qui n'a pas beaucoup de souffle, ni de puissance… On n'y voit guère aujourd'hui que la fascination de Séria pour sa compagne Jeanne Goupil, et un catalogue involontaire de la mode masculine des années 70, avec ses costumes cintrés, ses cols de chemise en forme de pelle à tarte, et ses cravates en tricot…


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