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Critique


De dumbledore, le 20 novembre 2003 à 16:17
Note du film : 4/6

Tire au flanc fait encore partie des films d’apprentissages de Jean Renoir. A ce titre, il possède tout à la fois des vraies qualités de rythme, de jeu et de thématiques et en même temps des lourdeurs et des emprunts. Des emprunts, il y en a fort, d’abord et avant tout dans le sujet : l’armée. On a droit ainsi à de nombreuses saynètes héritées des plaisanteries de l’époque qui prenaient souvent l’armée comme sujet. Il suffit de revoir si besoin est certains films comiques des frères Lumière (Nounou et soldats par exemple) pour s’en convaincre. Le film enchaîne ainsi des situations vues et revues de gags « tarte à la crème » comme l’accueil des bleus, la visite au coiffeur et au médecin, sans oublier bien sûr la chambrée et les exercices militaires.
L’humour est un peu daté et ne fait que vaguement sourire, mais surtout constitue surtout dans son ensemble un "tunnel" qui fait perdre un peu l’intérêt du film puisqu’elles n’apportent rien à l’histoire proprement dite.

Seul finalement le début du film (avant l’arrivée à l’armée) et la fête du colonel qui aboutit à la fin du film sortent du lot et laissent entrevoir le futur grand réalisateur. Le film commence sur ce qu’affection particulièrement Renoir, à savoir le mélange des classes sociales, maîtres d’un côté avec le domestique Joseph amoureux d’une domestique et le jeune maître amoureux d’une jeune femme de sa classe sociale. Deux classes qui se disent, qui s’affirment différentes, mais qui se révèlent finalement fonctionner exactement de la même manière.

La fin reprend également un futur lieu commun dans le cinéma de Jean Renoir :

le théâtre dans le film, la représentation de théâtre qui dégénère et qui finit en un véritable chaos qui a le mérite de faire éclater les vérités, même si celles-ci sont condamnées (c’est le cas dans La règle du jeu a être vite de nouveau réprimées. Ici ce moment de liberté est porteur puisqu’il débouche sur un double mariage, celui des domestiques d’un côté, et celui des maîtres de l’autre.

Le dernier plan du film – un plan séquence – résume à merveille Jean Renoir : on part de la cuisine où une grande fête informelle célèbre le mariage du domestique Joseph, et puis on passe au salon où un repas de maître (plus froid, plus collé monté) fête le mariage du maître. Deux jeunes amoureux doivent se baisser sous la table pour échanger un baiser.

On peut également voir dans ce film un autre thème en devenir chez Renoir : l’armée. Renoir n’est pas un va-t-en-guerre, ni un militariste mais plusieurs de ses films se placent dans le monde de l’armée. Pour lui l’armée est un espace passionnant, car c’est là avant tout le lieu où des hommes peuvent perdre leurs références sociales pour se retrouver face à face, d’homme à homme. Lieu de découvertes humaines quand il s’agit de découvrir que l’autre n’est pas si différent de soi…

Impossible de finir sans saluer la performance de Michel Simon touchant et drôle dans un rôle de survolté.


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