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Déjà un chef-d'oeuvre !


De Impétueux, le 9 mars 2023 à 19:52
Note du film : 3/6

Dans notre malheureuse époque où l'ensauvagement est quotidien, il n'est pas rare qu'après un assassinat furieux – sous prétexte islamique ou non – il y ait, après le drame, cette sorte de mantra qui expose que le tueur était frappé de troubles psychiatriques. En d'autres termes qu'un individu incertain et fragile, capable d'aller tuer n'importe qui (c'est-à-dire vous ou moi) qui a connu des soins dans un établissement spécialisé a été jugé par des médecins ou des éducateurs tout à fait capable de rejoindre le monde quotidien qui est le nôtre. Voilà un vrai sujet, sur quoi je n'ai pas d'opinion tranchée : peut-on, ou non, guérir de ces troubles-là ? Je n'en sais rien et je crains que ceux qui la ramènent, dans un sens ou un autre, ne soient pas très crédibles.

Qu'on le veuille ou non, La tête contre les murs est ce qu'on appelle un film à thèse ; un film qui oppose deux conceptions de la médecine psychiatrique : celle du docteur Varmont (Pierre Brasseur), rigoriste, scrupuleuse, brutale, vouée à la seule défense de la Société et celle du docteur Emery (Paul Meurisse) qui estime que l'interné est un malade que l'on peut guérir et qu'il faut lui faire confiance.

Le drame des films à thèse, c'est qu'ils sont le plus souvent guindés, corsetés, prisonniers de la position qu'ils défendent ; et La tête contre les murs souffre énormément de ce défaut : le manque de finesse. On sent que c'est le primate Jean-Pierre Mocky qui a écrit l'adaptation du roman d'Hervé Bazin avec son habituelle rugosité obtuse. Que ne s'est-il réservé à son rôle d'acteur où il était plutôt moins mauvais, avec sa belle gueule, que dans celui de réalisateur d'esbroufe et de grandiloquence ridicule ?

Je ne sais pas comment le subtil Georges Franju à qui toutes les qualités du film doivent être créditées, a pu supporter de tourner un scénario aussi mal fichu, aussi mal rythmé, aussi peu crédible. Il apporte en tout cas son sens de l'image belle, poétique, onirique, subtile, de ces atmosphères forestières, embrumées, nocturnes. Grâce à Dieu, il trouvera deux ans plus tard, grâce à Boileau et Narcejac le substrat du chef-d'œuvre Les yeux sans visage. Mais là il ne peut que courir après les errements souvent niais qui l'obligent à présenter un film désarticulé.

Comment comprendre que François Gérane (Jean Pierre Mocky), jeune homme bringueur, joueur, désinvolte soit, après une algarade avec son père, important avocat (Jean Galland), sévèrement interné dans la maison de santé – l'asile de fous, plutôt – du docteur Varmont/Brasseur et y demeure claustré ? Au milieu de vrais cinglés dont la panoplie est assez spectaculaire et d'où émerge seulement le tendre Heurtevent (Charles Aznavour) ? On sait bien que l'asile de fous est un intéressant terroir pour le cinéma : Shock corridor de Samuel Fuller (1963) ou de Vol au-dessus d'un nid de coucou de Milos Forman (1975), voire la fin de La symphonie pathétique de Ken Russell (1971) montrent les étranges comportements de gens qui ont quitté le monde de la réalité pour se réfugier dans de drôles de rêveries.

Le film est très beau, très bien réalisé, mais tellement, tellement niais et mélodramatique dans son propos ! Quel dommage…


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De fretyl, le 26 mars 2021 à 22:07
Note du film : 2/6

Et qu'est ce que ça aurait été si ça avait été Mocky qui l'avait réalisé ? Déjà que le film de Franju semble déjà largement influencé par les indignations de son scénariste interprète. La tète contre les murs aurait parait-il été précurseur de Vol au dessus d'un nid de coucou. Le film prend des positions assez crédible mais au lieu d'entamer un film politique sur le cas des asiles d'aliénés dans les années 50 sur lesquels il y'aurait en effet beaucoup à dire… Le film de Franju, intéressant sur de nombreux points se perd entre l'esprit anarchiste de Mocky, de sensibleries mièvres, de personnages retords… Ca se perd souvent en longueur.

Même si le personnage incarné par Mocky y est victime d'une monstrueuse injustice et d'un abus… On se moque un peu de son sort et j'avoue avoir du mal à m'attacher à ce personnage. Le seul enjeu du film aurait dû être l'affrontement entre la vision de la psychiatrie autoritaire par le gluant, cynique (Pierre Brasseur) et son confrère ( Paul Meurisse) partisan d'une psychiatrie plus humaine, plus ouverte… L'interprétation des deux acteurs reste le pilier du film. Dans sa globalité le fond y est caricatural, ca traine souvent en longueur et l'on n'a pas besoin de Mocky pour savoir que des scandales liés à ces instituts se produisent même encore aujourd'hui !

On y sent trop souvent la naïveté de Mocky, son manque de finesse, de profondeur…


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