Tous les mélodrames introduisent, à un moment donné, l'œil fatidique de la catastrophe. Pour obtenir ces 3000 F. mirifiques, Lise et André se rendent chez l'affreux usurier Shalom, font mine de mettre. en gage une montre en or donnée par Berthier/Alcover à Lise et tentent de le détrousser. L'usurier, sur ses gardes, est bien près d'étrangler André, mais Lise lui fracasse le crâne pour sauver son amant. Quelques péripéties. Puis le brave homme, afin de laisser vivre à sa fille chérie son amour – ce qui va peut-être demeurer – va se dénoncer et se livrer à la police, avant de retourner évidemment à Cayenne…
Récit un peu fluet, emphatique aussi toutefois et destiné à attirer la larme à l'œil du spectateur. D'autant que seul Julien Bertheau qui fit l'essentiel de sa carrière au théâtre présente une qualité d'interprétation. Ce n'est pas le cas de la grande grosse silhouette de Pierre Alcover, au jeu si limité, et bien mieux à peine de Nadia Sibirskaïa. Mais Jean Grémillon n'est pas n'importe quel faiseur et, s'il débute là dans le parlant, il a derrière lui une solide expérience et de grands talents. Les séquences initiales tournées à l'île du Diable, dans la familiarité torride, humide, poisseuse des bagnards, leurs jeux, leurs jactance, leurs regards inquiets, soupçonneux et camarades tout autant, le passage dans une curieuse boîte de nuit à forte majorité noire (il ne m'étonnerait pas que ce soit le célèbre Bal nègre de la rue Blomet) avec le numéro d'un danseur ailé (Joe Alex), et quelques belles images ; presque une nature morte après le meurtre de Shalom : par terre, au milieu des éclats de faïence du vase qui a fracturé le crâne de l'usurier, le revolver d'André et une nappe de sang qui s'étale.Un film de Jean Grémillon offre toujours quelque chose à aimer…
Je me suis dix mille fois exprimé – avec bien d'autres, ici – sur René Château, dont je dois posséder 150 DVD … Quand il se contente d'éditer – fort mal, sans chapitrage, sans supplément, sans restauration du son et de l'image – des bluettes délicieuses comme Le comte Obligado ou La maison Bonnadieu (parmi ceux que vous citez et que je possède), je fais contre mauvaise fortune bon cœur.
Mais quand il se permet de saloper comme il l'a fait, des chefs-d'œuvre, comme French cancan (heureusement, une nouvelle édition Gaumont m'a permis de ficher à la poubelle la galette sale de Château), La traversée de Paris (même observation) ou Un revenant (et là, malheureusement, aucune perspective !), c'est une honte.
Le cinéma classique doit être défendu autrement que par ce margoulin : voyez les excellentes éditions de Pagnol, à la CMF ou le fantastique coffret L'âge d'or pour Sacha Guitry ; cent autres exemples.
Que Château se consacre aux nanards et films du samedi soir, que je continuerai d'acheter, de voir et de chroniquer avec volupté, et qu'il laisse tranquille les chefs-d'œuvre (dont Carnet de bal) !
Tres facile de critiquer la maison Chateau … Sans celui-ci , qui aurait sorti : comte Obligado ; le roi du cirage; il est charmant ; la goualeuse; Claudine à l'école; le martyre de l'obèse; les BACH. Avez-vous acheté en dvd: grisou; maison Bonnadieu; jeunes filles en détresse; raboliot (tous ces dvs ont des belles copies et les films sont surtout inédits )
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