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Petit Cayatte deviendra grand...


De gilou40, le 5 mars 2011 à 22:18
Note du film : 4/6

C'est pas mal du tout ce petit film, qui se voudrait sans prétentions, mais qui en cache quand même quelques unes. Il faut dire qu'un Cayatte qui fait ses premières armes vaudra toujours mieux qu'un Pécas qui fait ses dernières. Oui, ce dessous des cartes nous réserve quelques bonnes surprises. Nous sommes bien sur loin encore des pavés comme Nous sommes tous des assassins, Les risques du métier, ou encore Le miroir à deux faces mais se dessine déjà la gnaque du bonhomme. Et, surprise pour un des tous premiers films du Justicier Cayatte, nous baignons dans la nuance. Et les amateurs avoueront que les nuances et cayatte, ça fait deux. Cayatte réglera plus tard des comptes avec une justice qui lui paraitra, peut-être à raison, inssuportable. Il s'est, à plusieurs reprises, érigé en Zorro avec une férocité qui n'a en rien ébranlé ce qu'il dénoncait. On le saurait…

Mieux encore : ce film, outre le scénario convenu au départ, nous offre énigmes sur énigmes que nous n'attendions pas. Etonnants retournements de situations bienvenus et accrocheurs . Manoeuvres que le grand Clouzot, déjà bien ancré et très reconnu dans le cinéma de ces années 40, n'aurait pas renié . Reggiani, tout juste sorti des inoubliables Portes de la nuit, s'offre dans ce film un rôle de contrebandier qui tient bien la route, et en l'occurence, les sentiers de montagne. Précis, avec sa dégaine de gouape et faussement dur, Il tient formidablement le personnage, ambigu et prudent, au millimètre. Quand il veut se donner la peine, Reggiani est un grand. Hélas, l'année suivante, il allait rejoindre une Anouk Aimée qui aurait surement préféré un amant moins mièvre dans les amants de Vérone du même Cayatte. Mais pour l'instant, c'est Madeleine sologne, manichéenne que l'Amour rattrapera, qui lui sert de maitresse. C'est elle, mais ne nous le cachons pas, n'importe quelle autre actrice aurait fait l'affaire. Signoret ? Fabian ? Danielle Darrieux ? Un regret : La présence d'un Paul Meurisse trop, "jeune". Il nous manque chez lui, et dans ce film précisément, la prestance du Commissaire Blot du Deuxième souffle. Il aurait donné encore plus de piment au film. Là, il nous semble tout frais.On dirait qu'il n'ose pas. On ne lui demande pas de chausser son monocle noir mais nous aurions aimé, pour l'intêret du film, qu'il soit plus mordant comme il nous en donnera plus tard la bonne habitude. Pourtant il n'est pas le petit dernier dans le cinéma. Il a déjà derrière lui quelques bons films. Mais içi, son manque de maturité va faire redescendre le film d'un chouïa. Grand dommage.
Au fait : De quoi s'agit'il ? Un grand industriel qui a magouillé avec la caisse n'a plus d'autre solution que le suicide. Au grand bonheur de sa femme qui compte bien toucher le montant de l'assurance vie. Hélas, le contrat ne prévoit rien en cas de suicide. Il lui faudra donc convaincre assurance et police qu'il s'agit d'un assassinat…

Le jeune Cayatte, prometteur donc, fait bouger son petit monde avec adresse. On sent bien qu'il va devenir un cinéaste avec qui il faudra compter. Mais en "grandissant" Cayatte prendra cette mauvaise habitude de faire des films très interréssants mais trop brut de décoffrage. Sans fioritures. Taillés à la serpe. Içi, il reste encore et très adroitement dans le registre de la comédie à rebondissements. C'est aéré, et tout en restant opiniâtre dans son suspens, le film oublie la pesanteur qui sera la marque de fabrique du cinéaste.

En attendant, Le dessous des cartes reste un bon petit film que nous voyons avec un certain intêret. Je note la présence de l'excellente Janine Darcey (Retour à la vie) que Cayatte rappellera pour Les risques du métier et pour Le glaive et la balançe (que je ne connais pas, introuvable). Gabrielle Fontan fera une courte apparition au même titre qu' Edouard Delmont. Sans oublier Paul Demange dans le rôle d'un reporter qui se ballade avec un gigantesque micro (nous sommes en 1948) et cinquante mètres au moins d'énorme câble. Théâtral comme l'étaient les reporters de l'époque, il est Les années 40 radiophoniques ! A noter que ce film fera l'objet, la même année, d'un remake réalisé par Lucio de Caro intitulé Manù il contrabbandiere toujours avec Reggiani et Meurisse mais avec des beautés Italiennes. Je ne sais pas ce qu'il vaut. Mais l'original ne nous fait aucun mal…


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