Une intrigue policière, dans les terres du sud-ouest américain. The Badlanders est un récit censé se déroulé en 1898. Solidement écrit (une histoire de W.R. Burnett) et réalisé par Delmer Daves. Le récit avance à toute allure, traite une flopée de thèmes (l'argent, l'honneur, le travail, les minorités,…) en deux temps, trois mouvements. Il vise à divertir tout en faisant réfléchir. On ne peut que louer le travail lié à la mise en scène. Le duel final est par exemple un modèle d'efficacité. Les plans utilisés d'une façon générale créent un récit prenant.

Ernest Borgnine compose à son habitude un être naturel et simple, un peu ahuri. Son jeu n'a pas vieilli. Alan Ladd interprète de son côté un personnage infaillible, géologue, mineur, à l'occasion médecin. Mais on imagine qu'il pourrait aussi être shérif, juge, et même remplacer le directeur du pénitencier, tellement il semble maîtriser son sujet partout ou il se trouve. Il séduit sans difficultés les femmes qu'il rencontre, et on l'imagine sans peine prendre le thé avec les dames patronnesses de la cité (mais il se trouve que la ville en question n'en comporte pas) et discuter tricot avec elles. Il pourrait même vous aider à solutionner les mots-croisés du journal "Le monde" en cinq minutes. Son personnage a réponse à tout, manage son entourage avec brio, défie ses adversaires d'en haut et d'en bas. A mon avis, le jeu de Ladd (que l'on a souvent considéré bien à tort comme "transparent" à l'écran) est brillant. Il y a un côté fulgurant associé à cet acteur, complètement à son aise dans le cadre thématique du héros sans peur et sans reproche porté à l'écran dans les années quarante et cinquante.

Ce western atypique est intéressant au final. Sans révolutionner le genre, il propose un spectacle exécuté avec le panache et l'efficacité des belles oeuvres américaines des années 1950.