Enfin, remarquez, j’en parle par ouï-dire parce qu’il y a bien longtemps que je ne pratique plus cette chasse-là ; mais de très jeunes gens, que j’ai le bonheur de connaître, me confirment qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil, si ce n’est un langage un peu moins apprêté et sans doute plus direct.
Toujours est-il que le fier petit coq, qui s’appelle Michel Lambert (Jean-Claude Aimini) a un avantage indéniable : il est quelque chose comme assistant plus ou moins bénévole à la télévision, ce qui lui permet d’introduire les deux amies Liliane (Yveline Céry) et Juliette (Stefania Sabatini) dans ce qu’elles imaginent être un monde enchanté qui leur ouvrira les portes – va savoir ! – du cinéma, du vedettariat, peut-être d’Hollywood !Intéressante petite partie documentaire où l’on voit les conditions de tournage, en 1960, des émissions qui faisaient la gloire de la chaîne unique de télévision : d’abord une diffusion de variétés, avec le jazzman Maxime Saury, puis une dramatique, qui eut un grand succès, fort mérité, Montserrat d’après Emmanuel Roblès réalisé par le grand Stellio Lorenzi.
On ne parle pas trop de la guerre d’Algérie, alors que Michel doit partir dans les deux mois sous les drapeaux… Pourtant un vieux copain, Dédé (Pierre Frag) vient d’en revenir, un peu mutique ; il est invité dans la famille de Michel (Maurice Garrel, Arlette Gilbert) où sont aussi reçus un couple de vieux amis (Charles Lavialle, Jeanne Pérez). Il y a là une grande véracité des attitudes et des conversations. Le meilleur du film.Et puis tout se gâte lorsque, sur un coup de tête, Michel claque la porte de la télévision et part pour le village du Club Méditerranée de Porto-Vecchio. Les deux filles le rejoignent. On ne sait toujours pas s’il en préfère une et si l’une, ou l’autre ou les deux sont amoureuses.
Il reste trois quarts d’heure de film à tourner ; hors quelques beaux paysages de la Corse (mais en noir et blanc, hélas) il n’y a plus rien : un capharnaüm, une bouillie, une suite de tirages à la ligne, compliquée d’épisodes ridicules, notamment avec l’aigrefin Pachala (Vittorio Caprioli) qui doit des sous à chacun et roule tout le monde.C’est vraiment dommage que ce qui aurait pu être un petit bijou réaliste s’englue peu à peu dans l’insignifiance et la médiocrité.
J'ai dépassé le cap de la 45° minute, suis allé jusqu'au bout et ai revu mon avis à la hausse (la note passe de 4/6 à 6/6). C'est un très beau film, peut-être bien un chef d'oeuvre, merveilleusement naturel, via le jeu des acteurs, les péripéties (on tire par exemple sur la queue d'un âne pour le faire reculer). Rozier se moque de toute évidence du cinéma français traditionnel de type Christian-Jacque, au travers du tournage d'un film de l'ORTF, dont les ingrédients sont à des années lumière de ceux de ce propre film de Rozier. La vieille garde du cinéma français en prend pour son grade ! Et puis, Adieu Philippine fin pour décrire les relations sociales, contient une part de poésie (via les images, le mode de narration) qui lui donne un charme particulier. Un air de famille également avec le cinéma italien de cette époque (au travers de l'épisode du drageur). La fin est très réussie, douce et mélancolique, et complètement novatrice, car elle semble s'éterniser (contrairement au cinéma classique qui se termine souvent par le clap "fin"). Une des plus belles réussites, sans doute, de la "nouvelle vague".
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