Le film tourne alors un peu en rond ; mais dans le noir. Tony désespère Annette en lui annonçant qu’il ne dansera plus avec elle ; au grand désespoir de ses parents, Frank décide de quitter la prêtrise et de défroquer ; dans une bagarre avec une bande portoricaine le copain Gus est gravement blessé, ce qui va entraîner une expédition de représailles ; le copain Bobby a mis enceinte sa copine et se demande s'il doit se marier avec elle ou l'aider à avorter.
Le soir du concours, Tony et Stéphanie sont classés premiers, alors qu'un couple portoricain a été largement meilleur ; mais le jury, mi par racisme, mi parce que Tony est la grande vedette du 2001 Odyssey ne l'a pas couronné ; Tony lui remet le trophée et le chèque, puis tente violer Stéphanie qui résiste. Dans la foulée, la bande va faire ses imbécillités habituelles sur le pont Verrazzano qui relie Manhattan et Brooklyn et Bobby qui, voulant faire le malin chute de 200 mètres. Tony va retrouver Stéphanie à Manhattan, lui demande de lui pardonner ; elle le fait ; ils resteront amis, simplement amis.Il n'y a rien là de gai, de tendre ou d'optimiste. La couleur grise de la médiocrité.
Découvert avec trois décennies de retard, Saturday night fever est un instantané saisissant des années 70, de ce monde d'après le Watergate et d'avant le SIDA : le film s'ouvre sur une vue de New York avec ses tours jumelles, sur la BO des Bee-Gees, et des plans en contre-plongée d'un Travolta mince et juvénile, avançant d'un pas dansant dans les rues. C'est à la fois terriblement ringard et rétrospectivement touchant, tout comme le reste du film, d'ailleurs.
La réalisation de Badham a pris un sérieux de coup de vieux, elle manque de rythme, de vrai point de vue, et demeure constamment à la surface des choses. Le casting de jeunes acteurs plus que moyens, n'est pas étranger à ce manque de profondeur, et la naïveté du propos empêche le film d'être une sorte de Mean streets du disco. Reste qu'on replonge dans ce monde disparu avec une sorte d'étonnement : ces costumes blancs, ces pas de danse, ces façons d'être héritées de La fureur de vivre, semblent encore plus antiques et dépassés que les vieux films noir & blanc de l'après-guerre. Et c'est donc en tant que témoignage que Saturday night fever trouve aujourd'hui une raison d'être. Mais il est vrai que suivre le destin de personnages aussi superficiels, incultes et idiots ("Tu ne connais pas Laurence Olivier ? C'est le type des pubs pour Polaroïd !"), demande un certain effort, et que ce n'est que lorsque Badham ose frôler le sordide (les étreintes minables à l'arrière des voitures, les bagarres lamentables avec les "spics"), que son film trouve son identité.
PS : Sur le mur de la chambre de Tony, on voit un poster de Rocky. Quelques années plus tard, Stallone réalisera la suite de Saturday night fever, le kitschissime Staying alive.
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