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Démoralisant


De Impétueux, le 17 septembre à 17:38
Note du film : 4/6

J'imaginais, sans avoir jamais vu le film jusqu'alors que La fièvre du samedi soir (1977) était de la même eau que Grease, sorti l'année suivante, c'est-à-dire une sorte de comédie musicale disco légère et dansante, pleine de séquences virtuoses et un peu ringardes. Une histoire de collégiens adolescents qui font des bêtises guère méchantes, se chipent les jolies filles et trompent leur ennui dans les interminables bourgades des États-Unis. Ce qui est resté du film, presque cinquante ans après sa sortie, sa bande musicale et les chansons trépidantes (principalement des Bee gees) me confortait dans ce préjugé.

La fièvre du samedi soir, ce n'est pas du tout ça : on l'a écrit, c'est un film noir, déprimant et même quelquefois sordide. Ou plutôt qui mêle avec une certaine habileté des séquences brillantes, enflammées, rieuses et des moments désespérants. Certes, ça commence sur la souple démarche de Tony Manero (John Travolta) ondoyant dans les rues de Brooklyn et recueillant au passage beaucoup de sourires des filles. Mais dès qu'on pénètre dans la famille de Tony, qu'on en découvre la médiocrité cagote, la parcimonie foncière, l'orgueil stupide d'avoir poussé Frank (Martin Shakar) le frère aîné de Tony, à la prêtrise, on commence à imaginer que l'histoire ne sera pas le gentil conte de fées qu'on pensait regarder. D'autant que les rapports humains sont tendus, violents même.

Le réalisateur John Badham brouille alors un peu les pistes : avec ses copains de bamboche et de soirée, Gus (Bruce Ornstein), Joey (Joseph Cali), Double J (Paul Pape) et Bobby (Barry Miller) Tony entre au club 2001 Odyssey où sa vitalité et ses talents en font le roi flamboyant de la piste. Admiration et désir des filles, notamment d'Annette (Donna Pescow), qui est absolument amoureuse de Tony, qui ne l'utilise que comme partenaire habituelle de concours, d'autant qu'elle ne veut pas (encore) coucher avec lui.

Et puis sur une musique compliquée, il voit danser Stéphanie Mangano (Karen Lynn Gorney), fluide, gracieuse, élégante. Dès lors il va s'employer à la convaincre de devenir sa partenaire pour le proche concours de danse de la boîte. Stéphanie est une pimbêche prétentieuse qui ne rêve que de paraître plus cultivée, plus à la page que les ploucs de Brooklyn qu'elle côtoie. Mais elle a bien remarqué elle aussi le talent de Tony et elle accepte sa proposition.

Le film tourne alors un peu en rond ; mais dans le noir. Tony désespère Annette en lui annonçant qu’il ne dansera plus avec elle ; au grand désespoir de ses parents, Frank décide de quitter la prêtrise et de défroquer ; dans une bagarre avec une bande portoricaine le copain Gus est gravement blessé, ce qui va entraîner une expédition de représailles ; le copain Bobby a mis enceinte sa copine et se demande s'il doit se marier avec elle ou l'aider à avorter.

Le soir du concours, Tony et Stéphanie sont classés premiers, alors qu'un couple portoricain a été largement meilleur ; mais le jury, mi par racisme, mi parce que Tony est la grande vedette du 2001 Odyssey ne l'a pas couronné ; Tony lui remet le trophée et le chèque, puis tente violer Stéphanie qui résiste. Dans la foulée, la bande va faire ses imbécillités habituelles sur le pont Verrazzano qui relie Manhattan et Brooklyn et Bobby qui, voulant faire le malin chute de 200 mètres. Tony va retrouver Stéphanie à Manhattan, lui demande de lui pardonner ; elle le fait ; ils resteront amis, simplement amis.

Il n'y a rien là de gai, de tendre ou d'optimiste. La couleur grise de la médiocrité.


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De PM Jarriq, le 24 mai 2009 à 09:54
Note du film : 3/6

Découvert avec trois décennies de retard, Saturday night fever est un instantané saisissant des années 70, de ce monde d'après le Watergate et d'avant le SIDA : le film s'ouvre sur une vue de New York avec ses tours jumelles, sur la BO des Bee-Gees, et des plans en contre-plongée d'un Travolta mince et juvénile, avançant d'un pas dansant dans les rues. C'est à la fois terriblement ringard et rétrospectivement touchant, tout comme le reste du film, d'ailleurs.

La réalisation de Badham a pris un sérieux de coup de vieux, elle manque de rythme, de vrai point de vue, et demeure constamment à la surface des choses. Le casting de jeunes acteurs plus que moyens, n'est pas étranger à ce manque de profondeur, et la naïveté du propos empêche le film d'être une sorte de Mean streets du disco. Reste qu'on replonge dans ce monde disparu avec une sorte d'étonnement : ces costumes blancs, ces pas de danse, ces façons d'être héritées de La fureur de vivre, semblent encore plus antiques et dépassés que les vieux films noir & blanc de l'après-guerre. Et c'est donc en tant que témoignage que Saturday night fever trouve aujourd'hui une raison d'être. Mais il est vrai que suivre le destin de personnages aussi superficiels, incultes et idiots ("Tu ne connais pas Laurence Olivier ? C'est le type des pubs pour Polaroïd !"), demande un certain effort, et que ce n'est que lorsque Badham ose frôler le sordide (les étreintes minables à l'arrière des voitures, les bagarres lamentables avec les "spics"), que son film trouve son identité.

PS : Sur le mur de la chambre de Tony, on voit un poster de Rocky. Quelques années plus tard, Stallone réalisera la suite de Saturday night fever, le kitschissime Staying alive.


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