Forum - La Fièvre du samedi soir - Démoralisant
Accueil
Forum : La Fièvre du samedi soir

Sujet : Démoralisant


De dumbledore

Surprenant film que La Fièvre du Samedi Soir. On démarre avec un film totalement en phase avec les années fin 70, début 80, avec une justesse sur tout ce qui est mode vestimentaire, décors, langage. La bande-son, Bee-Gees en tête, renforce le côté rétro, léger et amusant… Seulement tout cela n'est qu'une façade pour un film profondément noir, démoralisant.

Le personnage incarné (plutôt bien !) par John Travolta est un loser, aux références et aux valeurs minables, à l'attitude minable. Ceux qui l'entourent ne valent guère mieux, à commencer par sa famille qui passe son temps à manger, dont la seule fierté est un enfant curé. Ou bien encore les potes, qui s'emmerdent, qui ne savent que picoler, parler des filles et donner du poing. Le plus pathétique reste les femmes. Les deux figures présentes sont étonnantes de noirceur. La première est complètement larguée et en arrive à coucher avec les copains de John Travolta, et devant lui qui plus est, pour le faire réagir… En vain. Le second personnage féminin est tout aussi largué, mais tente de le cacher en parlant trop et en sombrant dans la mythomanie.

Aucun personnage positif. Aucun espoir non plus dans un monde bouché à l'instar de la lumière du film, noire, floue, baveuse. Aucun espoir donc ? A moins qu'il n'y ait la musique ? Le disco ?… Eh bien non ! Même pas. Nous ne sommes pas (encore) dans Rocky. Les nases restent le plus souvent des nases. Les seuls qui peuvent prétendre à un peu d'héroïsme sont peut-être ceux qui se rendent compte qu'ils sont nases…


Répondre

De vincentp, le 15 décembre 2006 à 23:43
Note du film : 4/6

"On s'entraîne à grimper l'échelle sociale ?"

Le film a un peu vielli. Il est pourtant plutôt bien fait, et bien joué. Le scénario montre l'Amérique des sans-grades, immigrés italiens, qui se battent avec d'autres immigrés pour le contrôle de la rue new-yorkaise. West side story, quinze ans plus tard. Quelques-uns de ces individus, ambitieux, échappent au destin sordide qui leur est promis, par la danse, traversant le pont Verazano pour les discothèques de Manhattan. Ainsi les personnages joués par Travolta et sa compagne. Mais si le sujet est intéressant en soi, les développements ne sont pas très intéressants, manquant de relief, et les clichés se succèdent. Malgré tout, quelques moments très réussis (exemple : Travolta et son amie, discutant sur un banc, de tout et de rien, sous le pont Verazano). Sans doute a-t-il manqué à ce film un metteur un scène du calibre de Scorcese ou Coppola, pour transcender le sujet, et l'imposer sur la durée…

Mais ce film est néanmoins intéressant, par ses bonus (ceux du dvd), ses décors urbains, son ambiance, lesquels témoignent du cadre historique qui a entouré la genèse du film : une période marquée par une forte créativité artistique à New York, prenant la forme de la musique disco. Celle-ci nait d'un besoin vital de bonheur dans les âmes et les coeurs, pendant une période un peu triste (le contexte est celui de la fin de la guerre du Vietnam). Tout d'abord phénomène undergroud, le disco, à l'origine une musique "gay" et "black", se répand alors dans les discothèques. Un producteur avisé, un acteur ambitieux (Travolta) géré par un agent habile, flairent le bon coup, et s'allient pour sortir ce film, bien dans l'air du temps, mais mis en place dans un contexte de réalisation difficile (le réalisateur de Rocky pressenti, fut débarqué et remplacé par John Badham, alors quasi-débutant).

La fièvre du samedi soir marque à la fois le début de l'ascension sociale de Travolta, et la reconnaissance mondiale de cette musique new-yorkaise (les groupes phares liés à cette période étant les Bee Gees et Blondie, groupe local surgi des bas-fonds d'un club sordide, le CBCG). Ce film marque peut-être aussi l'amorce d'un tournant pour le cinéma américain, qui se remet progressivement à véhiculer les valeurs d'une réussite sociale, basée sur la réussite matérielle.

  

Répondre

De PM Jarriq, le 24 mai 2009 à 09:54
Note du film : 3/6

Découvert avec trois décennies de retard, Saturday night fever est un instantané saisissant des années 70, de ce monde d'après le Watergate et d'avant le SIDA : le film s'ouvre sur une vue de New York avec ses tours jumelles, sur la BO des Bee-Gees, et des plans en contre-plongée d'un Travolta mince et juvénile, avançant d'un pas dansant dans les rues. C'est à la fois terriblement ringard et rétrospectivement touchant, tout comme le reste du film, d'ailleurs.

La réalisation de Badham a pris un sérieux de coup de vieux, elle manque de rythme, de vrai point de vue, et demeure constamment à la surface des choses. Le casting de jeunes acteurs plus que moyens, n'est pas étranger à ce manque de profondeur, et la naïveté du propos empêche le film d'être une sorte de Mean streets du disco. Reste qu'on replonge dans ce monde disparu avec une sorte d'étonnement : ces costumes blancs, ces pas de danse, ces façons d'être héritées de La fureur de vivre, semblent encore plus antiques et dépassés que les vieux films noir & blanc de l'après-guerre. Et c'est donc en tant que témoignage que Saturday night fever trouve aujourd'hui une raison d'être. Mais il est vrai que suivre le destin de personnages aussi superficiels, incultes et idiots ("Tu ne connais pas Laurence Olivier ? C'est le type des pubs pour Polaroïd !"), demande un certain effort, et que ce n'est que lorsque Badham ose frôler le sordide (les étreintes minables à l'arrière des voitures, les bagarres lamentables avec les "spics"), que son film trouve son identité.

PS : Sur le mur de la chambre de Tony, on voit un poster de Rocky. Quelques années plus tard, Stallone réalisera la suite de Saturday night fever, le kitschissime Staying alive.


Répondre

De Impétueux, le 17 septembre 2024 à 17:38
Note du film : 4/6

J'imaginais, sans avoir jamais vu le film jusqu'alors que La fièvre du samedi soir (1977) était de la même eau que Grease, sorti l'année suivante, c'est-à-dire une sorte de comédie musicale disco légère et dansante, pleine de séquences virtuoses et un peu ringardes. Une histoire de collégiens adolescents qui font des bêtises guère méchantes, se chipent les jolies filles et trompent leur ennui dans les interminables bourgades des États-Unis. Ce qui est resté du film, presque cinquante ans après sa sortie, sa bande musicale et les chansons trépidantes (principalement des Bee gees) me confortait dans ce préjugé.

La fièvre du samedi soir, ce n'est pas du tout ça : on l'a écrit, c'est un film noir, déprimant et même quelquefois sordide. Ou plutôt qui mêle avec une certaine habileté des séquences brillantes, enflammées, rieuses et des moments désespérants. Certes, ça commence sur la souple démarche de Tony Manero (John Travolta) ondoyant dans les rues de Brooklyn et recueillant au passage beaucoup de sourires des filles. Mais dès qu'on pénètre dans la famille de Tony, qu'on en découvre la médiocrité cagote, la parcimonie foncière, l'orgueil stupide d'avoir poussé Frank (Martin Shakar) le frère aîné de Tony, à la prêtrise, on commence à imaginer que l'histoire ne sera pas le gentil conte de fées qu'on pensait regarder. D'autant que les rapports humains sont tendus, violents même.

Le réalisateur John Badham brouille alors un peu les pistes : avec ses copains de bamboche et de soirée, Gus (Bruce Ornstein), Joey (Joseph Cali), Double J (Paul Pape) et Bobby (Barry Miller) Tony entre au club 2001 Odyssey où sa vitalité et ses talents en font le roi flamboyant de la piste. Admiration et désir des filles, notamment d'Annette (Donna Pescow), qui est absolument amoureuse de Tony, qui ne l'utilise que comme partenaire habituelle de concours, d'autant qu'elle ne veut pas (encore) coucher avec lui.

Et puis sur une musique compliquée, il voit danser Stéphanie Mangano (Karen Lynn Gorney), fluide, gracieuse, élégante. Dès lors il va s'employer à la convaincre de devenir sa partenaire pour le proche concours de danse de la boîte. Stéphanie est une pimbêche prétentieuse qui ne rêve que de paraître plus cultivée, plus à la page que les ploucs de Brooklyn qu'elle côtoie. Mais elle a bien remarqué elle aussi le talent de Tony et elle accepte sa proposition.

Le film tourne alors un peu en rond ; mais dans le noir. Tony désespère Annette en lui annonçant qu’il ne dansera plus avec elle ; au grand désespoir de ses parents, Frank décide de quitter la prêtrise et de défroquer ; dans une bagarre avec une bande portoricaine le copain Gus est gravement blessé, ce qui va entraîner une expédition de représailles ; le copain Bobby a mis enceinte sa copine et se demande s'il doit se marier avec elle ou l'aider à avorter.

Le soir du concours, Tony et Stéphanie sont classés premiers, alors qu'un couple portoricain a été largement meilleur ; mais le jury, mi par racisme, mi parce que Tony est la grande vedette du 2001 Odyssey ne l'a pas couronné ; Tony lui remet le trophée et le chèque, puis tente violer Stéphanie qui résiste. Dans la foulée, la bande va faire ses imbécillités habituelles sur le pont Verrazzano qui relie Manhattan et Brooklyn et Bobby qui, voulant faire le malin chute de 200 mètres. Tony va retrouver Stéphanie à Manhattan, lui demande de lui pardonner ; elle le fait ; ils resteront amis, simplement amis.

Il n'y a rien là de gai, de tendre ou d'optimiste. La couleur grise de la médiocrité.


Répondre

Installez Firefox
Accueil - Version bas débit

Page générée en 0.0045 s. - 5 requêtes effectuées

Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter