Dès le générique de début, Peckinpah crée un malaise en faisant défiler des images de liesse autour d'Hitler sur fond de comptines enfantines, tout en y articulant des images de guerre et de désolation.
Chez Peckinpah, la guerre est un charnier, en entrelacs de corps démembrés qui pourisssent dans une atmosphère viciée. Il montre des anti-héros fascinés par cette forme institutionnalisée de violence : Stransky, aristocrate prussien obsédé par l'idée d'obtenir la Croix de Fer, est montré comme un pleutre, un pantin à la limite du ridicule projeté dans la boue dès les premières images. Lors des combats, il reste au téléphone à demander des renforts tandis que les murs s'effondrent autour de lui.
Steiner a la guerre chevillée au corps, renonçant à une éventuelle nouvelle vie avec une infirmière pour retrouver la boue et le sang. Sa mitraillette semble être un prolongement de lui-même. Il refuse la barbarie, épargnant un jeune russe, protégeant des femmes-soldats ennemies de ses propres hommes, sans pouvoir maîtriser ses pulsions de morts ( il s'acharne sur Triebig qui a massacré ses hommes).
Brandt : -"Que ferons-nous quand nous aurons été vaincus ?
Kiesel : -Nous préparerons la prochaine guerre, voyons."
Verdun dit :
Si le terrible Stransky qui entreprend toutes les folies pour gagner la croix de fer est effectivement un salaud, Steiner n'est pas beaucoup mieux tant il est ivre de gloire et de combats victorieux où il est susceptible d'assouvir sa volonté de puissance. On commence à le voir dans le troublant épisode de l'hôpital (dans lequel Peckinpah en profite pour montrer les séquelles de la guerre) où Steiner quitte la sublime Senta Berger pour regagner le front et regoûter à cette drogue qu'est le champ de bataille- preuve de sa bêtise guerrière.Cette dimension antipathique du "héros" est confirmée par la fin où Steiner tue un lâche et ridiculise Stransky.
Je ne vois pas du tout, subjectivement, ou est-ce que Steiner est un salaud.
A l'inverse de tout ceux qui l'entoure Coburn est le seul à garder une certaine clairvoyance et un peu d'esprit.
Il est difficile de trouver haïssable ce personnage, vu qu'il est aussi le seul à garder un certains respect pour les plus faibles.
Il libère un petit Russe… Empêche le viol d'une Soviétique… Apporte une certaine chaleur à ses camarades traumatisés… Vomit le IIIème Reïch… Et en justicier, massacre le lâche qui a ordonné que l'on tire sur son peloton !
La chose qui me surprend le plus dans Croix de fer c'est surtout l'image de l'enfance.
Dés le générique, il y a une comptine chantée par des enfants, puis dans le même générique, le film s'arrête sur des images d'enfants, qui sont aux cotés du sanguinaire Adolf Hitler . Puis Steiner découvre un petit Russe, qui à dix/douze ans, est déjà dans l'armée rouge. A la fin Stransky se fait tirer dessus par un autre enfant…
La morale de Sam Peckinpah semble alors être la même que celle de Jean-Pierre Melville dans Le cercle rouge.
L'inspecteur général de la police disait à Bourvil : Les hommes naissent innocent, mais ne le restent que très peu de temps… Tous coupables !
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