La première partie est franchement lourde.
Certes, les décors sont splendides. Certes, la séquence du bal, les mouvements de foule et les images viscontiennes de Armando Nannuzzi sont superbes, mais la mise en scène ne s'embarrasse pas de subtilité et la musique de Nino Rota, qu'on a connu plus inspiré, est des plus tonitruantes. Le scénario introduit même une romance, totalement inutile, entre un jeune bellâtre et la fille d'une duchesse.
Malgré un souci éminemment louable de donner de Napoléon une image plus humaine que ce que l'on peut attendre d'une coproduction italo-soviétique, Rod Steiger livre une composition trop appuyée. On regrette l'absence, sur le DVD paru récemment chez nous, de l'excellente version française: la voix du doubleur français William Sabatier est, pour une fois, plus agréable que la voix originale de Steiger. Un tel film mériterait une édition vidéo autrement plus fournie que celle présente sur le marché hexagonal.
En revanche, Christopher Plummer, acteur trop peu célébré malgré une carrière superbe qui se poursuit encore de nos jours, est un très bon Wellington.
Convoqué pour incarner Louis XVIII, Orson Welles a l'air de se demander ce qu'il fout là…Heureusement, l'intérêt du film va crescendo.
La reconstitution de la batailles est l'un des spectacles les plus fascinants jamais filmés, allant aussi loin que ce que Bondartchouk avait déjà fait pour son adaptation monumentale de Guerre et paix.
Le spectateur du XXIe siècle reste estomaqué par la splendeur plastique de l'ensemble, agrémentée de survol en hélicoptère et un déferlement de figurants -de l'armée rouge- à mille lieues des effets numériques. Un spectacle hallucinant, impossible à reproduire de nos jours.
Et un spectacle qui "esthétise" la guerre. Du coup, on se demande ce que viennent faire les états d'âme d'un soldat anglais qui nous fait savoir que la guerre c'est moche, alors que Waterloo nous prouverait presque le contraire…
Malgré ses scories, Waterloo reste un spectacle assez fascinant, notamment sur grand écran. Morne plaine mais grands moments de cinéma.
C'est aussi un film maudit car ce fut un échec cuisant au box-office -l'histoire européenne laissant visiblement de marbre le public étasunien- qui condamna le projet de biographie de l'empereur dont rêvait Kubrick qui dût se rabattre sur un autre film d'époque: Barry Lyndon.
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