J'avoue ne pas avoir boudé mon plaisir ! Ces
Tortillards là m'ont fait passer un très bon moment. Cette troupe de théâtreux ringards et ambulants, allant porter
Cyrano de Bergerac ou
Tartuffe dans les petits villages les plus reculés de France, c'est du bonheur. Ca joue dans les salles des fêtes, les granges ou les MJC, ça se prend pour des ténors de la scène, et les spectacles finissent toujours en catastrophe . Autant dire que c'est délicieux . C'est foutraque à souhait mais que c'est bon. Veuillez, je vous prie, jetez un coup d'oeil à la distribution : Il y a là tout (ou presque) ce que l'époque comptait de deuxième ou troisième couteaux nécéssaires à ce genre d'épopée. A leur tête, un
Jean Richard pas trop fatiguant pour une fois et même très drôle. A noter en passant, qu'il reprend le rôle de
Tartuffe comme il l'avait joué dans
Si Versailles m'était conté,
même perruque, même robe. Et toutes ces bonnes bouilles que le cinéma a tant employé dans ces années paisibles. Et il leur en arrive des aventures à ces
Tortillards ! Les nuits sans sommeil, les maigres repas, les transports en douce faute d'argent, les scènes misérables et le public ricanant, rien ne leur est épargné.
Donpatillo a raison qui relate
Une scène dans un compartiment de chemin de fer entre ces histrions affamés et des paysans chargés de victuailles est un authentique chef-d'oeuvre . Sans aller jusqu'au chef-d'oeuvre, j'avoue que cette scène est très savoureuse. Je me la suis repassée plusieurs fois. Qu'ils sont donc sympathiques tous ces artistes foireux, bordéliques !
Roger Pierre a des ailes,
De funès ne se sent plus et
Madeleine Barbulée jubile de conduire un bus ! Ils sont tous adorables ! A noter la première association de
De Funès et de
Christian Marin . Ils se retrouveront …
Alors basta la mise en scène ! Fi des dialogues :
Rostand et
Molière sont trahis jusqu'à la moelle et c'est merveilleux ! Du grand n'importe quoi comme il m'arrive de l'aimer !
Les Tortillards,
c'est
La fin du jour revue et corrigée par un fou furieux. C'est drôle, joyeux, bon enfant ! Les
Branquignols ne sont pas loin ! La dernière scène, une représentation de
Romulus avortée par des travaux bruyants à coté de la scène, prend une allure apocalyptique ! J'ai franchement ri comme une demeurée ! Alors, bien sûr, on peut faire la fine bouche. Railler ce genre de cinéma tellement facile. Si facile que ça ?… On peut mépriser, se moquer, pouffer. Mais où est donc passé
Akira Kurosawa ? Qu'est-ce que c'est que ce forum où l'on ose dire du bien de ces fadaises ? Et bien moi,
Mouk première, je les aime, ces fadaises ! Surtout quand elles nous sont livrées par tous ces acteurs qui ont enchanté des générations de famille . Toutes ces trognes qui n'ont peut-être pas toujours fait dans la dentelle mais sans qui le cinéma serait bien triste et bien vide. Et puis quoi ? Il en faut pour tous les goûts . Foutez moi la paix !