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Pour la star !


De Arca1943, le 14 juin 2005 à 02:41
Note du film : 4/6

C'est quand même étrange que, de tous les grands thrillers et/ou films politiques tournés par Gian Maria Volontè, celui-ci soit le seul disponible sur DVD. D'autant que ce n'est pas vraiment le meilleur.

Ce qui m'amuse, pourtant, c'est de constater que ce genre de film, à ce moment précis, constituait un "film de commande" des producteurs au réalisateur Marco Bellochio. Ils avaient en poche un scénario de Sergio Donati (scénariste notamment pour Sergio Leone), ils avaient l'accord d'une star pour qui le rôle avait été écrit…

Cinéma "commercial", donc, aux recettes assurées… mais certes pas les mêmes recettes qu'aujourd'hui! C'est que, porté par le considérable succès en salle de films signés Rosi, Petri ou Damiani, se développe tout un filon du thrillers à résonance politique, qui remplit les salles de la péninsule. Ce sont souvent des films dénonciateurs vigoureux – même si on se rend compte avec le recul que leurs meilleurs praticiens préféraient souvent les questions aux réponses – généralement orientés vers divers abus de pouvoir, prévarications, corruptions, complicités… Quiconque a une idée, même faible, de la situation qui régnait alors en Italie ne pourra que comprendre le public italien de s'être précipité dans les salles. C'était logique, en somme.

Viol en première page a les qualités indispensables, de même que les défauts – non moins indispensables ! – qui font mon plaisir de spectateur : sur ce DVD qui vient de m'arriver de France, je retrouve avec délectation ces ingrédients qui avaient fait de l'adolescent que j'étais alors (fin des années 70) un fan inconditionnel des thrillers politiques à l'italienne. Et sans doute m'aurait-il beaucoup moins accroché, justement, s'il n'était passé par la voie du thriller, du film d'enquête. Même ici dans Viol en première page, qui est un exemple de film politique plus factieux que la moyenne – surtout vers la fin – on respecte le goût du spectateur pour les intrigues policières : il y a un crime et une scène du crime, il y a un faux coupable et un vrai, il y a l'enquête du journaliste qui a décidé d'en avoir le coeur net et l'enquête de son patron (machiavélique et subtil Gian Maria Volontè ! ) qui orchestre le cover-up derrière son dos…

Dans l'esprit d'un Bellochio, il est évident qu'on est à la veille de la Révolution et que les étudiants de gauche masqués qui défoncent les vitrines et foutent le feu au siège social d'un odieux quotidien réactionnaire et "bourgeois" sont "les bons"; tandis que le directeur du journal en question (ça, c'est Volontè) est le "méchant". Pour ma part, j'aurais plutôt tendance à les renvoyer dos à dos. Notons en passant qu'on est en 1972, donc avant – mais alors juste avant – que ces sympathiques "têtes chaudes" se mettent à assassiner à tout va (mais c'était dans l'air: voir la chanson de Brassens "Mourir pour des idées", qui date de 1972 elle aussi)… Or – et c'est là qu'il faut rendre hommage à ce genre de film "de commande" – c'est que le récit me permet de le faire sans me sentir en contradiction avec ce que je vois à l'écran. Parce qu'en somme une bonne histoire bien faite, narrée par un réalisateur qui se soumet aux règles d'un genre aux codes éprouvés, aura toujours tendance à privilégier l'intrigue plutôt que le discours, à préférer le factuel à l'idéologique, et permet au spectateur, trente ans plus tard, de jeter, sur la même situation, son propre regard… Bref, même factieux, il ne peut échapper à une certaine objectivité de fond. Cela dit, je suis assez disposé à croire qu'un quotidien à scandales des années 70 pouvait appliquer les méthodes odieuses que l'on voit dans le film. La scène où le directeur du journal fait venir un journaliste dans son bureau pour lui réécrire son papier en dit très long…

C'est très bien fait. Tous mes ingrédients favoris y sont, à commencer par Volontè sans qui le film serait certes moins fort. La photo naturaliste de Luigi Kuveiller. Les décors si réalistes de Dante Ferretti. Et aussi, bien entendu, une musique saccadée pour cordes et percussions qu'on jurerait composée par Morricone… – mais non ! C'est Nicola Piovani imitant Morricone à s'y méprendre ! (Encore un ingrédient commercial essentiel à ces films "de gauche"…)

Bien que réalisé par Bellochio, c'est un film sans fioritures, de style direct, "mineur" si l'on veut mais hautement représentatif de ce genre italien typique des seventies qui avait, ma foi, beaucoup d'allant, de vigueur : des films à l'emporte-pièce où je ne m'ennuie pas une seconde ! Et sans happy-end, bien sûr. Ça, c'est le plus important. Le méchant n'est pas puni à la fin ! Le bon n'est pas lavé de tout soupçon ! La vérité et la justice ne triomphent pas du tout ! Ah, comme c'est rafraîchissant…

Disponible présentement en DVD, je le rappelle.

Arca1943


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De Arca1943, le 9 mars 2005 à 14:48
Note du film : 4/6

Mhouais… Je veux bien admettre – quoique du bout des lèvres – que les cinémas non-italiens aussi peuvent à l'occasion comporter quelques bons films…

Mais surtout, je découvre que je viens de voter pour un film qui existe déjà en DVD ! Yahoo ! Viva Volontè !


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