La musique de Pink Floyd est passée à la postérité, alors que le film est d'une médiocrité affligeante. sans doute trop lié à une époque révolue. Un metteur en scène comme Antonioni aurait pu réaliser un film intéressant, mais le pauvre Barbet ne possède pas le centième de son talent. Le résultat est épouvantable.
Mais ce qu'Estelle a infusé à Stephan, bien davantage qiue le goût de son corps, c'est le goût de la drogue. La drogue, dans les films plus anciens, c'est une évidente dépendance dégradante ; le médecin opiomane (Pierre Blanchar) de Carnet de bal, les pauvres créatures vacillantes de Razzia sur la chnouf ne sont évidemment pas sujets d'identification ; mais les beaux jeunes gens de More, qui passent leur temps à se baigner, se droguer et s'envoyer en l'air sont autrement plus séduisants…
Je me rappelle encore comment, dans les salles de cinéma de 1969, plutôt disposées à considérer avec sympathie les expériences folles des deux héros, la rupture créée par la dépendance et la soumission aux substances était ressentie : un malaise déplaisant. C'était donc vrai : on ne pouvait pas, comme on l'espérait, comme on le pensait, vivre sa vie sans limites et sans règles : il y avait un prix à payer, une déchéance graduelle, de plus en plus humiliante, de plus en plus grave et, en fin de compte, mortelle…Je ne dis pas que More ait jeté des barrières infranchissables à la fascination des paradis artificiels qui existent plus encore aujourd'hui que naguère ; au moins le film a-t-il coupé le cou à une conception ludique, libérée, heureuse de ces paradis-là, à une façon de considérer que la musique planante, la liberté sexuelle, la flemmingite considérée comme un des beaux-arts, toutes les billevesées qui trouvèrent leur acmé à Woodstock en août 1969, la même année que More étaient la voie rayonnante de la Civilisation.
Le film s'achève sur l'overdose du pauvre Stephan. Quoi d'autre était possible ?
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