Ce regard amoureux porté sur le cinéma est évidemment ce qu'il y a de meilleur dans le film de François Truffaut, qui interprète lui-même le réalisateur Ferrand et on y sent la retranscription romancée de tas d'anecdotes vécues, de tas de souvenirs authentiques comme on y voit, dans leur propre rôle (Jean-François Stévenin, alors assistant), ou dans une personnalisation fidèle (Nathalie Baye, qui incarne l'habituelle script de Truffaut, Suzanne Schiffman). Regard amoureux, passionné, même, tellement éclairant dans ce que dit Ferrand à son acteur Alphonse (Jean-Pïerre Léaud) qui veut quitter la baraque : Je sais, il y a la vie privée, mais la vie privée, elle est boiteuse pour tout le monde. Les films sont plus harmonieux que la vie, Alphonse. Il n'y a pas d'embouteillages dans les films, il n'y a pas de temps morts. Les films avancent comme des trains, tu comprends ? Comme des trains dans la nuit. Les gens comme toi, comme moi, tu le sais bien, on est fait pour être heureux dans le travail de cinéma.
On a rarement mieux évoqué la magie du septième art qui, selon le mot de Paul Vecchiali ne doit pas être une évasion, mais une invasion. Cela posé, et malgré cette ambition notable, La nuit américaine patauge un peu, parce que le scénario n'est pas bien tenu, pas bien contenu, que, ainsi qu'il a été dit, il fait la part trop belle à l'anecdote, au pittoresque, parce que les personnages semblent trop des pantins assignés à leur caricature, parce que la distribution est un peu hétéroclite. Et même parce que la musique – superbe ! – de Georges Delerue, aux beaux accents tragiques, semble plaquée sur les images, sans trop de rapports avec elles.Cela produit un curieux ouvrage, qui a dû donner à son réalisateur et à ses interprètes beaucoup de plaisirs de tournage, mais qui décontenance un peu le spectateur ; ce petit monde des tournages fait songer à ces sociétés de province qui ne sont amusantes que pour ceux qui, vivant sans cesse dans leur cercle, peuvent être au fait des sempiternelles médisances, plaisanteries ou rivalités sur lesquelles pivotent ordinairement les beaux esprits de l'endroit (Eugène Suë).
C'est un peu mince, donc. Mais Jacqueline Bisset est une bien belle plante.
Je partage l'avis de Verdun concernant les bons films de Truffaut. J'ajouterais à cette liste Le dernier métro, L'histoire d'Adèle H. (à mon avis ses deux meilleures réussites), et aussi L'homme qui aimait les femmes, long-métrage que je n'avais pas aimé une première fois, mais par contre très apprécié plus tard, grâce à son humour décalé, et le fait que le récit échappe aux poncifs type "aventures conjugales" pour créer un univers très original.
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