Pour en avoir discuté avec un ami cinéphile, nous étions arrivé à la conclusion que le cinéma de Minnelli n'était pas très facile d'accès. Voir Thé et sympathie, La toile d'araignée, et les deux magnifiques mélos que sont Some came running et Celui par qui le scandale arrive oeuvres tortueuses, ou les personnages principaux, victimes de névroses et de complexes, inadaptés à leur environnement, se réfugient dans le rêve, aux confins parfois de l'hôpital psychatrique (Quinze jours ailleurs). Loin d'un Versailles, plutôt l'Hotel-Dieu…

Une des plus belles oeuvres du cinéma, à mon goût, mais j'ai eu le privilège de bénéficier d'une rétro complète en salles (sur laquelle je me suis déjà longuement épanché).

Ah, diable ! Me voilà cartésien, alors que je reproche (sans excès ! ) à Minnelli, précisément, d'être un peu trop ordonné, un peu trop classique, un peu trop parfait, d'être un peu le Versailles du cinéma, voilà qui m'étonne…

Pour moi qui place dans la fascination les fééries, qu'elles soient de Jean Vigo (L'Atalante, un film cartésien ?), de Christian-Jaque (aussi bien Les disparus de St-Agil que L'assassinat du Père Noël), de Carlo Rim (la fuligineuse Armoire volante), et, pêle-mêle, Orfeu negro, Peau d'âne, Du sang pour Dracula, Le cuisinier, le voleur, sa femme et son amant, les films de la Hammer et de Mario Bava, voilà une bien curieuse découverte…

J'aime ce que j'aime, et non pas ce que la doxa dit qu'on doit aimer…, même si elle ne se trompe pas toujours. Et je me fiche bien ce que Jacques Lourcelles ou Jean Tulard, la Cinémathèque, Positif, Les Inrockuptibles, les listes des meilleurs films jamais tournés (ah ah ah, Citizen Kane meilleur film du monde, La règle du jeu, meilleur film français…) et n'importe qui me prescrivent…

En effet, ce film est une merveille! J'ai eu la chance de le découvrir sur grand écran il y a plus de trente ans, à Bruxelles, lors d'une rétrospective des films musicaux de la MGM. L'extraordinaire Fred Astaire y campe un personnage plein de subtilité et d'humour, ainsi que d'auto-dérision, ce qui n'est pas donné à tout le monde! Ses duos avec l'éblouissante Cyd Charisse sont inoubliables, spécialement " Dancing in the Dark ": un sommet, une magie absolue! Les seconds rôles sont tous parfaitement interprétés et ajoutent charme, rythme, émotion, tendresse, drôlerie! Ce film est une comédie musicale de première classe et une étude fouillée et véridique sur le monde du spectacle. Son dynamisme et son enthousiasme sont contagieux: ils nous rappellent que l'on peut toujours redémarrer sa vie!

Excellent film, l\'une des meilleures comédies musicales hollywoodiennes !

J\'avoue une préférence pour le ballet final inspiré des films noirs, où Fred Astaire joue le détective privé et Cyd Charisse nous offre un double rôle de femme fatale aux fabuleux déhanchés.

Et en prime, la divine Ava Gardner fait une apparition dans son propre rôle…

Quel dommage en revanche que l\'édition dvd française ne permette pas de voir les numéros coupés, notamment le \"two faced women\" de Cyd Charisse…

C\'est un plaisir de trouver en dvd tant de comédies musicales de Minnelli. Toutefois, l\'une d\'elle demeure introuvable. Il s\'agit de L\'étranger au Paradis (\"Kismet\"), féérie orientale avec Howard Keel et Dolores Gray, Anne Blyth et Vic Damone qui fut un gros succès à sa sortie et dont la chanson-titre, une mélodie toujours célèbre, fit le tour du monde. Les histoires situées à Bagdad n\'auraient-elles plus la cotte ? Même lorsqu\'il s\'agit des 1001 nuits ?

Il me semble que même dvdtoile ne lui fait pas l\'honneur d\'une fiche…