Ce début du Cavalier électrique est très réussi : on se dit qu'on pourrait trouver là une sorte d'équivalent étasunien au formidable Tandem de Patrice Leconte : un film sur la déchéance de ceux qui furent quelque chose et qui ne sont plus rien. On imagine que Sonny Steele (Robert Redford), l'ancien champion, abruti d'alcool et tenu à bout de bras par de vieux copains qui profitent de sa notoriété en train de couler et de ses dollars qui ne sont pas inépuisables.
Et puis ? Et puis plop, et puis rien, une interminable errance entre le Nevada et l'Utah pour sauver un cheval, dopé comme un champion jamaïcain à qui le cow-boy veut redonner une sorte de dignité en le relâchant dans une sorte de vallée thébaïdique où il retrouvera ses frères fiers coursiers, loin des hommes et de leurs manigances. C'est d'une niaiserie, d'un angélisme accablants, d'un manichéisme à faire rougir…
Si j'ai bien aimé, de Sidney Pollack, le cruel On achève bien les chevaux, tout le reste de son œuvre me semble très médiocre, à commencer par le méprisable Out of Africa, mais aussi par Tootsie, pâle variation sur l'excellent Victor/Victoria de Blake Edwards ; le type avait assurément plus de talent comme acteur, à preuve le personnage inoubliable du milliardaire Ziegler d'Eyes wide shut.Le cavalier électrique est languissant, nigaud, bêta, écologiste (quelle série de synonymes !). Robert Redford et Jane Fonda s'y traînent en attendant la fin, prévisible et humaniste. On sent d'avance que quelques années plus tard Obama sera élu président des États-Unis.
Dormez, bonnes gens, tout va bien.
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