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Chef-d'oeuvre du film noir à la française.


De Impétueux, le 11 mai à 19:38
Note du film : 5/6

Après revisionnage (dans une bonne copie, mais sans chapitrage, ni suppléments, comme nous a hélas habitués René Château), je suis conforté dans l’excellent souvenir que je conservais de ce Sautet inhabituel (ou, plutôt, issu d’une première manière du cinéaste).

C’est vrai, la course à l’abîme, le désespoir noir, les portes qui se ferment toutes une à une, la certitude de n’en plus pouvoir ouvrir aucune et surtout le sentiment que si même on y parvenait, ça ne servirait à rien, tant on est fait comme un rat, voilà qui n’était pas courant dans le film de gangsters français, et qui lui donne une dimension très forte et très universelle.

Ventura est magnifique ; on sent monter avec une force déferlante ce qui sera le talent, la force dans les années qui suivront, de ce puissant acteur : il a tout : la sauvagerie du meurtrier, l’épaisseur du chef de famille, l’écoeurement lucide de l’ami abandonné, la lassitude immense et désespérée.

Mon seul bémol est peut-être qu’on oublie un peu trop vite que c’est une bête sauvage qui porte la mort en lui et avec lui ; devant le père attentif, que reste-t-il des douaniers assassinés (qui ne sont sûrement pas les premiers de son palmarès !), de l’épouse et de l’ami abattus de son fait ? Ma critique – vénielle – n’est pas moraliste : la puissance du film aurait encore été plus grande si l’on avait senti tout au long qu’Abel Davos est un sanguinaire ; c’est bien, en plus, de comprendre que les monstres ne le sont pas à tous bout de champ et avec tout le monde…

Il est vrai – qu’on le rappelle ne diminue pas la qualité du film – est que le scénariste de Classe tous risques est José Giovanni, familier des geôles gestapistes de la rue Lauriston, fameux siège de la Gestapo française de Bonny et Laffont et que le personnage d’Abel Davos est directement inspiré d’Abel Danos, un des tueurs les plus féroces de l’officine.

Danos fut, après la guerre, membre du Gang des Tractions avant, dirigé par Pierre Loutrel, dit Pierrot le fou (aucun rapport avec le navet de Jean-Luc Godard), qui, lui, a inspiré Le gang de Jacques Deray. La bande comportait d’anciens collabos mais aussi d’anciens résistants et un gangster juif tunisien (Jo Attia) revenu indemne de Mauthausen. On ne faisait pas dans la dentelle.À l’époque de la réalisation du film, ça n’avait pas gêné grand monde, parce que, l’Occupation étant proche, chacun se sentait un peu de morve au nez.

Aujourd’hui, où l’on est vertueux et volontiers manichéen, aujourd’hui, donc, chacun s’indignerait.


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De vincentp, le 4 mai 2024 à 23:51
Note du film : 5/6

Deux excellents acteurs, au jeu moderne et sobre. Le récit est rythmé, la mise en scène dynamique. Les décors urbains de 1960 sont une vraie curiosité, d'autant que nombre de séquences décrivent le mode de vie de l'époque, des chambres de bonne aux demeures bourgeoises. Une critique sociale en arrière-plan, les plus valeureux n'étant pas les plus riches. La variété des psychologies parmi les truands parisiens est un point fort du récit. Quelques péripéties datées, un ton solennel par moments, pondèrent le résultat final, qui s'avère au final excellent.


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