Autant de mésaventure toutes fortuites pour un seul film, et pour un seul personnage ne marque pas une invraisemblance de scénario, mais beaucoup plus un manque d'imagination.

C'est le seul Dirty Harry que Eastwood a choisi de réaliser lui-même, et ce n'est pas par hasard. A l'époque, il était bien décidé à en finir avec ce personnage qui le vampirisait un peu trop, et Sudden impact se situe aux frontières de l'auto-pastiche. Le final montre d'ailleurs ouvertement Harry comme un spectre revenu d'entre les morts, sur la jetée. Difficile de ne pas sourire, en voyant le contre-jour éclairant le justicier, sorti d'un film de vampires de la Hammer.

Le scénario n'est volontairement qu'un pot-pourri des précédents films, un enchaînement arbitraire de morceaux de bravoure jeté en pâture au fan peu exigeant de films d'action. Sudden impact aurait été signé par un Buddy Van Horn quelconque, la question ne se poserait pas, mais dirigé par Eastwood, il paraît clair que le réalisateur a voulu exprimer quelque chose sur cette série de films, et la clôturer en poussant le concept à son extrême limite. Hélas, il y en eut encore un dernier, bien pire.

Je n'admire pas aveuglément Sudden impact, mais je crois qu'avec ses défauts, ses boursouflures, ses fautes de goût, c'est typiquement le genre de film à replacer dans un contexte de carrière, pour mieux le comprendre. Avec ce film, Eastwood voulait tuer son doppelgänger, le finir en beauté. Il n'a pas tout à fait réussi et a même relancé le mythe, avec ses répliques du style "Make my day", qui le poursuivent encore aujourd'hui : Fuis ton ombre, elle te suit, suis ton ombre, elle te fuit.

D'accord, mais le reproche que je fais a Sudden Impact, je ne le ferait pas à Magnum Force ou à L'inspecteur Harry.
Nous sommes dans un cinéma d'action et j'accepte bien volontiers et même j'attends, des rebondissements, de la violence et du spectaculaire. Mais il y'a des limites à tout. Pour un seul film, voir Clint allez prendre dés le début du film son petit café matinal dans un snack-bar en train d'être braqué, ça tient debout ; le voir dix minutes après poursuivit pendant ses congés sur la route, par une bande de loubards voulant l'assassiner, ça commence à faire et pour finir à peine arrivé dans une petite station tranquille il se retrouve au prise avec un braqueur et doit engager la poursuite dans un car remplit de retraité, là je lâche prise. Autant de mésaventure toutes fortuites pour un seul film, et pour un seul personnage ne marque pas une invraisemblance de scénario, mais beaucoup plus un manque d'imagination.

C'est sûr que c'est loin d'être le meilleur de la série mais on trouve des passages musicaux littéralement bluffants, comme celui là :

Lalo Schifrin – Unicorn's head

ça rappelle énormément certaines pièces pour orgue de Messiaen.

Un superbe thriller qui met en scène le contreversé et ambigü personnage de Harry Callahan, l'homme qui attire à lui les situations les plus rocambolesques. Une belle atmosphère nocturne. Une mise à jour aussi des thèmes de prédilection de son metteur en scène : le masochisme du personnage principal, sa capacité à encaisser les coups, à revenir de façon miraculeuse, la marginalité dans la société, la plus ou moins grande propension des méchants à être méchant…