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Quelle mise en boîte de choc !


De vincentp, le 6 avril 2013 à 22:52
Note du film : 4/6

De Pietro Germi, j'ai identifié nombre d'excellents films (Le disque rouge) et "chefs d'oeuvre" (Ces messieurs dames, Meurtre à l'italienne, Divorce à l'italienne). De mon point de vue Séduite et abandonnée est une oeuvre mineure du réalisateur italien. Le sujet développé ici a été infiniment mieux creusé dans Divorce à l'italienne. Le scénario ne fonctionne pas très bien et l'on a du mal à accrocher à cette histoire. De plus, l'acteur principal n'égale pas Mastroianni. Restent une mise en scène efficace, moderne, un rythme enlevé, des aspects musicaux et visuels, et quelques séquences assez drôles (le baron désargenté). Stefania Sandrelli, parfaitement dirigée, réalise une prestation de tout premier ordre mais elle semble égarée au sein d'une histoire qui n'est pas faite pour elle.


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De Arca1943, le 7 novembre 2009 à 18:05
Note du film : 6/6

Disponible sans problème en Europe avec ses excellents sous-titres français, Séduite et abandonnée est une comédie à l'italienne de très haute cuvée.

Je ne connais pas l'histoire de la production de ce film, mais je présume que l'immense succès au box office de Divorce à l'italienne a dû jouer un rôle dans la mise sur pied deux ans plus tard, par le même réalisateur – Pietro Germi – et le même producteur – Franco Cristaldi – de cette nouvelle mise en boîte satirique des moeurs siciliennes. Et là encore il y aura mise en branle d'un "crime d'honneur". Et là encore il est question d'une loi absurde : l'article 577, selon lequel le crime de détournement de mineure est éteint s'il y a mariage. Toutefois, variation d'importance, la jeune fille dont la virginité perdue est l'objet de tout ce cirque brise l'omertà et s'en va tout déballer aux carabiniers. Seulement voilà, les carabiniers… Mais eh, oh, je ne vais pas vous raconter toute l'histoire, quand même ! Procurez-vous plutôt Séduite et abandonnée, avec sous-titres français, édité par Dolmen Vidéo et disponible – par exemple – sur l'excellent site IBS.IT .

S'il y avait danger de redite entre ce film et Divorce à l'italienne, il est battu en brèche par le fait qu'on y pousse encore plus loin le discours tenu dans l'épisode précédent – faut l'faire. Il y a aussi une différence de construction importante : c'est un crescendo. Le film prend donc un départ d'apparence "réaliste", une mise en place où on ne distingue pas encore clairement ce qui va nous débouler dessus, sur un rythme relativement placide pendant les premières 15-20 minutes… et devient graduellement et implacablement de plus en plus cinglé ! Tant et si bien qu'en s'approchant du finale, certaines scènes font appel à une technique "expressionniste" qui n'est pas sans rappeler Roman Polanski dans sa période « maître de la peur » – mais si, je vous le jure ! Il y a toute une séquence où ça vire carrément au cauchemar pour Stefania Sandrelli et où, par exemple, les visages des villageois lui apparaissent en succession rapide, éclairés à contre-jour et proférant tous d'épouvantables méchancetés, tels les voisins de Trelkovski dans Le Locataire !

La plus grande différence entre les comédies à l'italienne de Pietro Germi et celles de Risi-Monicelli-Comencini, c'est que Germi ne fait pas du tout dans le récit tragicomique. Donc, la rupture de ton du rire au drame et vice-versa n'est pas sa tasse de thé. Il ne s'agit pas du tout d'un défaut, mais d'une caractéristique : il n'y a pas de va-et-vient entre empathie et dérision dans le traitement des personnages, le récit reste continûment grotesque et n'alterne pas épisodes comiques et épisodes dramatiques. ((Et voilà pourquoi il n'y pas de rencontre Sordi-Germi ?)

Ceci ne veut pas dire évidemment que le spectateur ne "lit" pas le drame sous-jacent au comique dans cette histoire de moeurs. Par contre, dans Séduite et abandonnée, il y a quand même ce mouvement graduel vers la dinguerie pure, comme si les personnages étaient prisonniers d'une machine infernale impossible à stopper et appelée "moeurs siciliennes". Et dans la scène où la jeune Sandrelli doit fendre la foule compacte et hostile pour se rendre jusqu'au poste des carabiniers, il y a quand même l'idée qu'on pourrait lui faire un mauvais parti, que les lazzis verbaux des villageois pourraient devenir physiques. Dans une scène comme celle-là, le drame potentiel caché sous la farce montre tout de même le bout de son nez.

C'est pourtant la même équipe de scénaristes que pour La Grande guerre, par exemple : Age-Scarpelli et Luciano Vincenzoni. Mais en professionnels, ils changent (un peu) de ton et s'adaptent tout à fait au réalisateur, ils font du Germi comme ils ont fait du Monicelli. Et le scénario qu'ils ont mis au point pour ce film est une merveille d'une logique implacable, dont le tempo semble accélérer constamment. Si bien que dans la scène du tribunal, vers les deux tiers du film, où les deux familles sont venues déballer leur mic-mac devant un juge d'instruction qui lève les yeux au ciel, c'est un vrai déluge de one liners et de traits cinglants qui s'abat sur le spectateur ébaubi. « Ne dramatisons pas ! » lance le juge. Ah ouais, tu parles…!

Et puis Saro Urzì extraordinaire en pater familias résolu à toutes les mises en scène pour "sauver l'honneur" qui lance : « Et puis quoi, on n'est tout de même plus au Moyen Âge ! » Ah ouais, on n'est plus au Moyen Âge ? T'en es-tu bien certain, là ? Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! Comme une baleine, je me suis marré comme une baleine.

Les extérieurs de ce village sicilien sont d'une authenticité imbattable, et remarquablement photographiés en noir et blanc par Aiace Parolin. La musique de Carlo Rustichelli est en elle-même un joyau, et le thème pour trompette solo et guitare annonce à s'y méprendre le Morricone de Pour une poignée de dollars – c'est curieux, mais c'est vrai. Ambiance grotesque ou pas, les chants populaires siciliens sont magnifiques. La mise en scène de Germi, d'une efficacité redoutable, va toujours à l'essentiel sans omettre tous ces petits détails juteux qui font le sel des plaisanteries réussies.

Et quels acteurs, mes amis. Ah, là, là ! Si Saro Urzì – un acteur fétiche de Germi – porte une partie du poids du film sur ses larges épaules, la palme revient de droit à la juvénile Stefania Sandrelli. Révélée en 1961 par de jolis rôles secondaires de Divorce à l'italienne et le Fédéral, elle occupe ici le rôle central avec un naturel saisissant, qui trouvera sa consécration l'année suivante dans le célèbre et toujours invisible Je la connaissais bien.


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Je reprendrais bien un peu de Germi


De Arca1943, le 11 juin 2009 à 12:26
Note du film : 6/6

Alors en plus, ils ont une succursale à Milan !!

Aussi sans plus tarder je vous présente mon cadeau d'anniversaire 2009. Venus de la lointaine Italie (plus lointaine encore que le Japon, faut croire) avec sous-titres français : Divorzio all'italiana, Sedotta e abbandonata, Colpire al cuore, Così ridevano. Avec doublage français : Un Uomo ritorna et Tre notti d'amore avec Catherine Spaak. Avec sous-titres anglais : Gli sbandati. Tout ça se ballade en vente libre de l'autre côté des Alpes.


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De paul_mtl, le 16 février 2006 à 17:42
Note du film : 5/6

je confirme c'est une tres bonne comedie italienne qui figure dans mon top 230.


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Aberration : importez-le en français, que diable !


De Arca1943, le 11 juin 2009 à 03:11
Note du film : 6/6

Quelle aberration, tout de même ! Depuis des années, sur le site FNAC.com, il est possible aux cinéphiles français de commander aux États-Unis, dans la Zone 1, cette classique comédie de Pietro Germi ; mais l'édition Criterion, si elle est très soignée, n'offre bien sûr que des sous-titres anglais. Or, également depuis plusieurs années (2004), ce même film est disponible sur DVD en Italie, dans une édition elle aussi magnifique, mais surtout, surtout avec des sous-titres français !!

Je trouve ça vraiment incroyable. Les Italiens mettent du français sur le DVD, mais aux consommateurs français, on l'offre importé des États-Unis, en anglais seulement ? On n'importe pas le DVD d'Italie, même s'il est en français ?!?

Ça n'a absolument aucun sens. D'autant plus que sur le même site FNAC.com, je constate qu'il y a même des films importés… du Japon : par exemple, Tous peuvent me tuer, ce film français, est édité au Japon et pas en France. Alors la FNAC, fort intelligemment, met cette édition japonaise à la portée des consommateurs. Elle coûte un peu cher, mais bon, c'est le prix pour un import.

Alors du Japon on importe, mais de l'Italie qui est le pays d'à côté, on n'importe pas ? Si bien que les gens doivent acheter Séduite et abandonnée et Divorce à l'italienne en anglais, alors que le DVD transalpin comporte le sous-titrage en français ?

C'est du délire.


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