C'est vous qui avez raison, cher Arca et c'est moi qui ai tort.
Sur le premier point, je reconnais bien volontiers que le conteur doit l'emporter sur le chroniqueur et que le cinéma de Risi répond magnifiquement à ses buts. Disons que j'étais sous la fascination de tout ce qui est voyage, de tout ce qui est l'observation à la fois distanciée et affectueuse de la jactance de Fausto. Je ne me serais pas lassé de voir recensées les mille petites compromissions, humiliations, falsifications que la réalité vécue fait subir à la légende que le Capitaine voudrait se créer.
Et sur le second, disons que c'est un agacement, une mauvaise humeur, une envie un peu facile que la fin du film soit simplement noire, au premier degré noire. Mais vous avez raison : Fausto capitule ; ce qui est plus noir que noir.
Merci de m'avoir recentré. (je n'ose écrire éclairé, en l'espèce).
« Il est bien dommage que Dino Risi ait cédé à une sorte de logique du récit, qui appelle inéluctablement une conclusion et que, en plus, cette conclusion soit un happy end que tout le reste du film rejetait… la trop gentille issue consensuelle de leur histoire… »
L'entertainer Dino Risi a toujours été un conteur d'histoires: tout comme les autres artisans spécialistes du genre commedia all'italiana. Sinon ils auraient perdu bien plus tôt leur vaste public, qui veut se faire raconter une bonne histoire, et seraient tombés dans ce "cinéma d'auteur" dont Risi aimait tant se gausser. (« Il y a les films d'auteur et les films d'équipe. Moi, je fais des films d'équipe. »)
Mais me voilà surtout traumatisé par cette interprétation, pour moi bien étrange, d'Impétueux : quel happy end ? Un happy end dans une comédie à l'italienne !? Dans Les Aventures de Pinocchio à la rigueur, car le film est destiné aux enfants ; alors là c'est acceptable à la rigueur qu'il y ait une fin heureuse, et Pinocchio convainc Geppetto de sortir de la baleine.
Je ne sais combien de fois j'ai vu Parfum de femme, et jamais il ne m'est venu à l'idée de tenir sa fin pour heureuse. Il s'est toujours agi à mes yeux d'un faux happy end, en forme de départ à l'horizon d'une triste ironie, amer comme le borax. Quand le film se termine, Fausto a mordu la poussière, il a perdu la partie : c'est tout le sens de la scène où Sara attend, en larmes, avant de se manifester, que l'aveugle se casse proprement la gueule. Alors toutes les prétentions de Fausto à n'avoir besoin de personne, sa rhétorique de psycho-hâbleur qui attribue agressivement à la pitié la moindre tentative pour s'approcher de lui, ont volé en éclats : il est désormais un invalide vieillissant, qui a besoin de s'appuyer sur un bras pour avancer. Le monstre au verbe haut est vaincu. Fin.
Ah ! Si nous n'avions que des choix aussi exaltants à faire, le paradis serait sur terre !
Mais dans ce choix, je vous rejoins : je tiens Le fanfaron pour un joyau tel qu'il met un peu en deça de lui d'autres chefs d'oeuvre…
Entre "Parfum de femme" et "Le fanfaron", je n'arrive pas à me décider dans quel film Gassman donne la performance de sa vie. L'aveugle est d'une virtuosité décoiffante, mais l'infâme égoïste à la décapotable frise le génie…
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