J'en garde personnellement un souvenir assez désastreux bien qu’extrêmement lointain… Oui curieux destin ciné que celui de Bronson. Quelle image voulait-il donc donner de lui en ce lançant dans des films d'actions tel que L’Évadé ?

Entamer une carrière sous la caméra de Leone, poursuivre en France avec des films pas trop mauvais tel que Le passager de la pluie ou Adieu l'ami pour finir justicier dans les ruelles de New york ?

Je ne comprendrai jamais ce type là !

Curieux destin que celui de ce film: il fut un grand succès commercial aux Etats-Unis, qui confirma le vedettariat tardif de Charles Bronson après le triomphe de Death Wish l'année précédente. En France, il fit les belles soirées de TF1 dans les années 1980-1990; je me souviens même que mon "Télé Poche" hebdomadaire en fit le film de la semaine lors de sa diffusion en 1991. Or aujourd'hui ce film est assez mal noté sur les sites dédiés au cinéma. Il n'a pas été diffusé à la télé depuis des lustres. On le trouve difficilement en DVD. Et je suis le premier à le chroniquer sur le site. Alors pourquoi une telle désaffection ?

A la revoyure, force est de constater que L'évadé est un film divertissant qui se laisse regarder. Mais force est de constater également qu'il n'est pas à la hauteur de la somme des talents des réunis: Bronson,Robert Duvall, Emilio Fernandez, John Huston au casting, une photo de Lucien Ballard, une musique de Jerry Goldsmith et un réalisateur qui a prouvé qu'il n'était pas un manchot comme en témoignent Will Penny le solitaire ou The glass house.

La faute en incombe principalement à un scénario d'une rare indigence. Tout est absolument prévisible: rien que le titre nous donne l'indication de l'issue. L'intrigue est répétitive.Les pires clichés sur les Mexicains, bêtes et méchants nous sont resservis. Aucun rebondissement majeur, aucune surprise ne sont au rendez-vous. Certaines incohérences sont choquantes: on ne saura jamais la raison pour laquelle John Huston, dont le rôle est d'ailleurs étonnamment réduit, fait en sorte que son petit-fils Robert Duvall soit incarcéré. La tonalité "cool" et superficielle assez caractéristique de nombreux films d'aventures des années 70 comme les "James Bond" avec Roger Moore ou les Terence Hill- Bud Spencer ne tient plus la route. L'évadé aurait certainement été bien meilleur en traitant son dramatique sujet avec plus de sérieux et plus de profondeur.

Jill Ireland est hélas assez mauvaise. On réalise vite pourquoi Michael Ritchie, initialement pressenti à la réalisation ne voulait pas d'elle dans le rôle principal. On peut comprendre que Bronson veuille imposer son épouse dans ses films. Mais alors pourquoi leurs scène communes dégagent-elles si peu d'alchimie ? C'est d'autant plus flagrant que les séquences avec l'autre actrice, Sheree North sont elles franchement bonnes.

La réalisation est elle aussi conventionnelle. Tom Gries abuse du zoom, figure de style typique des années 70. Seule la scène de l'évasion, tournée dans les Pyrénées Orientales (!) est franchement réussie et donne une idée de ce qu'aurait pu être le film avec plus de souffle et de conviction.

Mon jugement est globalement négatif. Pourtant pas question de me débarrasser du DVD: pourquoi ? Parce que ça se laisse regarder, parce que le cabotinage d'un Bronson, gros bras décontracté qui annonce Stallone et Schwarzenegger est agréable, parce que quelques scènes, dont le générique valent le détour. Et parce que c'est un souvenir d'enfance donc forcément précieux.