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Un amusement partagé


De Impétueux, le 14 novembre 2012 à 17:55
Note du film : 4/6

Je dirais volontiers que Vivement dimanche est un film noir cousu de fil blanc et, au delà de la facilité du jeu de mots, je trouve que ça n'est pas faux du tout et que c'était précisément ce que voulait faire François Truffaut, comme une sorte de parenthèse, de facilité qu'il s'était accordée. Et puis, vivant avec Fanny Ardant, j'imagine qu'il voulait la montrer dans toutes les facettes de son talent, et, après le drame de La femme d'à côté, la parodie de thriller sombre était une occasion de changer de registre, réussie, à dire le vrai.

Le malheur (pour lui, mais aussi un peu, beaucoup, pour nous), c'est que la maladie l'a frappé peu après la sortie du film et qu'il est mort sans avoir pu tourner autre chose. Et ayant écrit cela, je me repends illico : il n'est pas impossible que l'on puisse considérer Vivement dimanche comme un de ses meilleurs films.

Pourquoi ? Mais parce qu'il n'y a plus du tout l'esprit de système, le sérieux trop engoncé que Truffaut enfourche souvent (L'histoire d'Adèle H., La chambre verte et même – ô sacrilège que je commets sans défaillir – Le dernier métro).

Vivement dimanche est drôle, scandé, plein d'invraisemblances et de dialogues délicieusement farfelus ; il met en scène un exaspérant agent immobilier, Julien Vercel (Jean-Louis Trintignant, parfait, comme le plus souvent), accusé d'une série de meurtres dont il paraît, de fait, coupable et dont le seul appui réel est la secrétaire, Barbara (Fanny Ardant), qu'il rudoie, morigène, réprimande, sermonne, critique quelles que soient les initiatives heureuses qu'elle prend pour le faire innocenter. On a rarement vu au cinéma un type aussi fat, exaspérant, désagréable, aussi insignifiant, aussi. Ce qui n'empêche pas Barbara, subtile, courageuse, inventive, débrouillarde d'être amoureuse de ce grand benêt.

Paradoxalement, tout le charme du film est fait de ces contre-emplois : Vercel-Trintignant grognon, boudeur, capricieux, Barbara-Ardant énergique, dévouée, décisive. À quoi on peut naturellement ajouter Jean-Pierre Kalfon, qui porte tout de même pas mal de maléfice sur le visage, en prêtre justicier ou Philippe Laudenbach, à la bonne physionomie solide en tortueux criminel. Tout cela part dans beaucoup de sens, mais on se régale si on se laisse porter par la vague, si on regarde le film sous le seul rapport du développement des péripéties, des images nocturnes qui sont autant de clins d'œil aux thrillers étasuniens (la lumière sur le téléphone noir dans l'agence immobilière, les gifles de pluie, l'atmosphère de la boîte de nuit louche). Et, j'y reviens, la qualité des dialogues qui ne sont pas dans le brio des mots d'auteur à la Jeanson ou à la Audiard, mais qui sont décalés, enlevés et sautillants, souvent très drôles.

C'est déjà bien, non ? Et en plus, il y a une Fanny Ardant superbe d'aisance et de charme, sachant se fondre dans toutes les situations, une silhouette et une voix qu'on n'oublie pas… On s'interroge pourquoi elle a tourné si peu de films de qualité, sauf à considérer que Pédale douce est une merveille de finesse (Je sais que j'exagère : elle est très bien dans Huit femmes ou dans Ridicule… mais en rôle secondaire, ou partagé…).


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De kfigaro, le 11 mars 2009 à 17:50
Note du film : 4/6

Oui ce n'est pas forcement le meilleur film de Truffaut mais je serais nettement moins sévère que certains vu la qualité de l'interprétation, ça reste "divertissant" au meilleur sens du mot (je partage entièrement la citation de Gassman là dessus). A noter là encore une excellente musique de Delerue, très typée "film noir" et suspense au premier degré malgré l'aspect quasi "pastiche" de ce dernier long métrage.


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