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Les malices de galinette..


De Tamatoa, le 23 juin 2013 à 18:19
Note du film : 4/6

Le culte de Faust n'est pas nouveau dans l'histoire du cinéma. Le plus beau fleuron de cette admiration apocryphe reste, à mes yeux, La beauté du diable de René Clair. Josiane Balasko a eu l'intelligence de ne pas se prendre pour l'académicien. Et elle donne très vite le ton en se fendant d'une œuvre très légère, bien loin des mystères qu'exige souvent l'intrusion du cinéma dans cette face nuitée de la croyance. Une légèreté qui, hélas, frise quelque peu la vulgarité. Et c'est fort dommage car ce film regorge de bonnes idées. Par exemple, le choix de Daniel Auteuil, Abargadon, petit VRP de l'enfer est excellent. L'acteur venait d'être à nouveau propulsé au devant de la scène avec Jean de Florette, après un éprouvant passage à vide de plusieurs années et Balasko a su profiter du bon vent. Et puis le côté onirique de beaucoup de scènes de nuit. Les diablesses, belles comme nos phantasmes, en voiture des années 30, sur le pont Alexandre, appelant à tous cris notre diable voulant rentrer dans le droit chemin est un moment de pure magie !

Auteuil est dans ce film comme un poisson dans l'eau. Brillant, subtil, équivoque et malicieux comme il se doit et le doit à son funeste patron. Il en fait des tonnes pour notre plus grand plaisir. Il déploie une énergie incroyable jusqu'à épuisement. Diable d'homme ! Avec lui, nous touchons du doigt les déserts glacés de Cania. Mais Balasko le tient en laisse et fait en sorte que le noir ne l'emporte pas haut la main. Et c'est très habilement qu'elle détourne l'histoire en faisant vibrer les cordes de la comédie. Fi des Angel Heart, de La neuvième porte, du Prince des ténèbres ou de la fin des temps, et réglant au passage quelques comptes avec la psychanalyse, elle ne garde que l'étrange nécessaire et donne à son œuvre une dimension absolument surréaliste. Comme dirait Fabrice Luchini : "- C'est énooooorme !-"… Oui, et jusqu'à une certaine trivialité qui gâche un peu notre plaisir. Elle viendra en grande partie de Jean Benguigui habité d'un vice et d'une pornographie torride qui, sans choquer vraiment, fera basculer le film. Et c'est juste ce côté inopiné qui fait que ce film sera censuré dans certains pays.

Pourtant, il déborde d'inventivité. Jacques Gastineau, un des maitres des effets spéciaux français fait merveille. L'enfer devient presque jovial, les diablesses n'ont jamais été aussi belles, et les apparitions de l'Ange Gabriel, impeccable Michael Lonsdale, sont plus que savoureuses. Il y a une certaine jouissance qui émane de ce film. Le côté excessif, fantasque, déjanté. On copine avec le diable comme on pille les troncs d'église et on se surprend à aimer ça. Nous devenons tout à coup de Drôles de paroissien et notre âme en prend un coup. Et puis la morale reprend ses droits. Le diable se fait humain. Tout est justice et de bon sens. Les bigottes respirent et Balasko a gagné son pari . Faire du neuf avec du très, très, très vieux.

Elle va pouvoir s'attaquer à une autre diablerie : Gazon maudit.. Mais là, les bigottes ne sont pas concernées.


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