Le film de Justine Triet entreprend la dissection d'un couple. Vaste programme ! Car si l'on voulait soulever le toit de chaque maison où un homme et une femme (et des enfants aussi bien sûr) sont réunis, on trouverait de drôles de choses, souvent magnifiques – le plus souvent magnifiques – quelquefois sombres ou détestables. Rien n'est simple et Eyes Wide shut, le plus beau film de Stanley Kubrick nous met le nez dessus.
Donc, dans un chalet tranquille qui est à quelques encablures de Grenoble, voilà que Samuel Maleski (Samuel Theis), médiocre professeur et écrivain impuissant est retrouvé, mort et sanglant, au milieu de la neige par son fils Daniel (Milo Machado-Graner), à peine moins qu'aveugle à la suite d'un accident dont Samuel s'était senti coupable. Demeure la figure stable de la mère, Sandra Voyter (Sandra Hüller), écrivain prolifique, peut-être pour cela jalousée, enviée, détestée (?) par son mari. Et qui est soutenue, portée, aidée par un avocat, Vincent Renzi (Swann Arlaud ) depuis longtemps amoureux d'elle. Le film est la lourde, lente, longue description du processus judiciaire qui conduit Sandra et ceux qui l'entourent au procès et à la joute que se livrent l'Avocat général (Antoine Reinartz) et l'avocat de la défense Vincent lors du procès d'Assises à Grenoble. Ce n'est pas mal, parce que c'est une sorte d'entomologie presque glacée d'une instruction judiciaire. Mais est-ce suffisant ? Viser très haut pour obtenir la considération de tout le monde ? Certes ! Y parvenir ? C'est autre chose.Je suis bien conscient que le couple est aujourd’hui une ‘’valeur ‘’ (comme ils disent) en pleine crise et qu’il peut être fascinant d’en filmer la dissociation. Je note que Justine Triet semble être fascinée par ce malaise de la société ; l’amusante Bataille de Solférino, l’un peu mal fichu Victoria mettaient en premier plan des jeunes femmes en dérive existentielle. Pourquoi pas ? On a peut-être raison de filmer le monde où l’on vit sous ses aspects les plus médiocres.
N'empêche que, de temps en temps la jeune génération pourrait filmer une belle histoire d’amour qui dure.
Au fait, le 12 juin prochain, je fêterai mes 50 ans de mariage.
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