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La critique est un art


De Impétueux, le 1er octobre 2023 à 15:49
Note du film : 2/6

Voilà un film assez bêta, de ceux qui, à l'orée du parlant et lorsque n'existait pas encore la télévision on produisait en kyrielles pour un public qui sortait, au théâtre, au music-hall, au cinéma, sortait beaucoup plus qu'aujourd'hui. Et n'était pas très exigeant sur la qualité du spectacle. L'est-il devenu désormais ? C'est une autre question. Toujours est-il que, pour Les amours de minuit, personne ne s'est décarcassé : production de série, d'ailleurs réalisée, sur le même scénario, en deux versions, allemande et française, comme il y en eut beaucoup à cette époque, par exemple Le chemin du paradis (1930) de Wilhelm Thiele (version allemande) et Max de Vaucorbeil (version française), Dactylo (1931) (les deux versions par Wilhelm Thiele) ou Le congrès s'amuse (1931) d'Erik Charell et Jean Boyer. Cette pratique peut être d'ailleurs tout à fait réussie… à condition que scénarios, acteurs et musique se mettent au diapason.

Ce n'est pas le cas pour Les amours de minuit : grande banalité du scénario, extraordinairement prévisible et aux rebondissements souvent grotesques, filmage paresseux, acteurs médiocres ou mal distribués. Écrivant ceci, je me repens parce que le personnage féminin, la pauvre fille Georgette, sous la dépendance du gangster Gaston Bouchard, est interprété par Danièle Parola, tout à fait ravissante et que j'avais déjà appréciée dans Sous les yeux d'Occident (1936) mais qui interrompit sa carrière l'année suivante, à 35 ans.

Sous les yeux d'Occident a d'ailleurs été réalisé par Marc Allégret, le moins bon des deux frères qui est présenté dans Les amours de minuit comme directeur artistique, le réalisateur du film étant Augusto Genina, qui signa, d'ailleurs, la version allemande du film avec Carl Froelich.

Une fois que j'ai écrit cela, qui tient de l'archéologie cinématographique, que dire du film ? Pas grand chose, à vrai dire. D'abord un peu de bien : la poésie toujours extrême des gares, des locomotives, des couloirs et compartiments, du staccato musical régulier de la marche du train sur les rails, des fumées et des escarbilles… Mais on peut voir ça dans cent films. Puis l'atmosphère des restaurants au personnel déférent ; et celle des cabarets où des danseuses de cancan font frémir le public en faisant voler leurs jupes et en levant haut les gambettes. Voilà qui n'est pas rare non plus…

Le scénario ? L'histoire d'un garçon niais, Marcel Valmont (Pierre Batcheff) qui a volé une grosse somme dans le coffre de la banque dont il est employé (ceci, on l'apprendra plus tard) et qui veut s'embarquer pour l'Amérique latine. Dans un compartiment du train qui l'emmène au Havre entre Gaston Bouchard (Jacques Varennes) qui sympathise d'autant plus vite avec le jeune homme qu'il a vu tout de suite qu'il possédait un magot. Car Bouchard est en fait un assassin redoutable et habile qui vient de s'évader. Ceci, nous, spectateurs qui sommes des malins, nous l'avons tout de suite compris ! Mais Marcel n'a rien vu évidemment et il est ravi que son compagnon de voyage, qui se prétend riche et globe-trotter a prévu d'emprunter lui aussi le paquebot sud-américain.

À l'arrivée à la gare, Gaston le bandit présente Marcel à sa sœur Georgette (Danièle Parola), qui est en fait sa gagneuse ; et il donne mission à la jeune femme d'embobiner le jeune homme pour plus facilement lui dérober son portefeuille. Mais, comme de bien entendu, Georgette qui, comme on dirait aujourd'hui est sous emprise de son barbeau, tombe illico amoureuse du garçon. S'ensuivent les péripéties et les coups de théâtre qu'il vous est assez loisible de deviner. Je rassure tout le monde : ça se termine bien, Gaston est arrêté par la police, Marcel restitue l'argent à sa banque et retrouve Georgette, gravement blessée par Gaston, mais blessée seulement ! Une vie d'amour s'ouvre devant les jeunes gens.

J'ai dit que Danièle Parola était jolie ; mais ça ne suffit tout de même pas. Jacques Varennes a souvent excellé dans les rôles de magistrats (notamment chez Sacha Guitry) ; dans le rôle d'une méchante arsouille il est extrêmement mauvais. Le nigaud Marcel c'est Pierre Batcheff, l'ami des surréalistes qui mourut jeune, à 31 ans, d'une sorte d'overdose médicamenteuse ; c'est le personnage masculin du Chien andalou de Luis Buñuel ; très tête-à-claques, ce qui est peut-être, après tout, justifié pour le rôle. Et enfin, pour l'anecdote, je cite Josseline Gaël qui joue Fanny, l'amie de cabaret (et peut-être un peu plus) de Georgette. Un bon moment compagne de Jules Berry, elle fricota pendant l'Occupation avec un membre éminent de la Gestapo française de Lyon, fut condamnée à l'indignité nationale. Son assez prometteuse carrière en fut naturellement brisée.

Voilà beaucoup d'anecdotes, d'ondoiements et de dérives pour un si petit film. Moins j'en ai à dire, plus j'en raconte, je sais !


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De Tamatoa, le 8 octobre 2012 à 02:19
Note du film : 3/6

L'originalité de ce film n'est pas le titre donné à ce fil…

C'est qu'il aurait pu être imaginé par des enfants, écrit par des enfants, et joué par…des grands enfants. Parce que j'ai rarement vu un film d'une telle simplicité ! Pas ridicule pour autant ! Mais tout dans ce film est élémentaire, candide, rudimentaire. Et loin d'être antipathique. Oui, j'imagine bien des gosses, ayant vu quelques films célèbres, écrire cette histoire. Parce que les amoureux sont seuls au monde, comme dans Hôtel du nord, les locos crachent leur fumée dense comme dans Les portes de la nuit, les bâteaux attendent de partir comme dans Quai des brumes, et le french cancan est de mise comme dans le film éponyme. De plus, Pierre Batcheff, amoureux transi et honnête, a bêtement "emprunté" dans la caisse comme l'avait fait aussi candidement Andrex dans Derrière la façade et Danièle Parola, la chanteuse amoureuse de l'emprunteur maladroit, nous offre un petit remake de l'Ange bleu. Entre les deux, Josseline Gaël, pas encore madame Berry, se fait discrète et on s'apercoit avec étonnement qu'elle a la voix de Lys Gauty.. De quoi se plaindrait-on ? C'est une impression de déjà vu mille fois, mais on revoit sans geindre outre-mesure.

C'est Marc allégret , le frère de Yves, qui est aux manettes. Et il demande à Jacques Varennes de faire ce qu'il fait rarement : Le voyou. Lui qui sera plutôt habitué et habité par des juges d'instruction , des ministres , présidents de tribunaux et autres procureurs, le voilà qui roule des yeux de hiboux hideux et à un rire sardonique qui ferait même pas mal aux enfants cinéastes. C'est charmant. Ce film est charmant. Doté d'une très bonne restauration (les débuts du parlant) cette toile sans intrigue pure, ou tellement basique, se laisse voir également sans déplaisir. Marc Allégret, dont c'est ici le sixième film, n' a pas à rougir de son oeuvrette. "-Oeuvrette c'est l' mot !-" aurait dit Saturnin Fabre. Marc Allégret qui avait, la même année, dirigé Raimu dans Mam'zelle Nitouche. C'est Yves qui fera la même chose, ou peu s'en faut, avec Fernandel en 1954.

Mais est-il besoin d'être un cinéaste expérimenté, même si Marc ne vaut peut-être pas Yves, pour tourner ce genre de cinéma. Qui n'est en rien mauvais, je le répète, mais tellement simple, simpliste dans sa construction. Je verrais bien Alholg à la production, (puisqu'il m' a expliqué ce que c'était) Vincentp en chef opérateur méticuleux (puisque rien ne lui échappe) , Impétueux à la mise en scène (et planquez vos miches), Arca à la distribution (évidemment) et moi je m'occupe des bières. Et pardon pour les stagiaires que j'oublie..

Les amours de minuit méritent un DVD. Pour la simple (encore une fois) raison que si les jeunes commencent par voir ce genre de film Noir et Blanc, ils iront plus loin…


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