Après Impétueux qui célèbre les mérites de Cannibal Holocaust, me voilà à faire l'éloge de ce fleuron du gore, genre de cinéma que je n'aime a priori pas du tout.
Mais l'envie en ce moment d'éprouver des sensations fortes et de m'ouvrir à des films vraiment différents m'a fait franchir le pas.
Après une carrière inégale dans tous les genres à la mode de la série B italienne,Lucio Fulci se retrouva propulsé sur le tournage de ce film conçu pour surfer sur le succès du Zombie
de Romero.
Il allait trouver sa voie, celle de l'horreur pure.
Drôle de destin post-mortem pour cette œuvre vilipendée avec une très grande violence par la critique à l'époque de la sortie de Frayeurs,
L'au-delà.
Aujourd'hui, l'oeuvre de ce pape du "thrash" est très célébrée, voire mieux considérée (notamment par les jeunes cinéphiles) ou mieux éditée que les classiques de Fellini,
Antonioni
et consorts. N'est-on pas passé d'un extrême à l'autre ?
A revoir cet enfer des zombies, on entrevoit aisément certains défauts du cinéma bis qui provoquaient l'ire de la critique notamment une interprétation bancale où l'on retrouve bizarrement Richard Johnson,
le professeur de La maison du diable
de Robert Wise
en savant fou,la belle Olga Karlatos
ou dans le rôle principal Tisa, la sœur de Mia Farrow.
Mais le problème n'est pas tant les comédiens que des personnages sans la moindre profondeur.
Certaines scènes mettant en scène les comédiennes dans le plus simple appareil semblent également une concession à la série B. Tout comme cette séquence surréaliste de combat dans l'océan entre un zombie et un requin.
Dernier défaut de taille: un scénario assez plat, avec quelques incohérences gênantes, qui fait qu'à certains moments le film patine un peu. Là où Roméro livre une satire sociale dans ses films de morts-vivants, ici nous n'avons le droit qu'à un film d'aventures qui fait peur.
Ceci dit, la photo est assez fascinante, dès les premières séquences où un homme dans l'ombre pointe son revolver sur l'écran puis après le générique, les images de l'arrivée d'un bateau désert dans a baie de New York.
Ce film est une très grande réussite d'abord au niveau de l'ambiance. La photo et la musique sont ainsi de grande qualité.Ce qui pouvait et peut toujours déranger est ce climat macabre, cette ambiance glauque à souhait que l'on peut refuser.
On peut refuser aussi évidemment les effets gore (morsures, festins divers) qui parsèment le film, servis par des effets spéciaux toujours aussi réussis trente ans après et qui se multiplient dans la dernière demi-heure, apocalyptique comme il se doit. On reste toujours aussi choqué par la séquence de l'écharde dans l'œil de la pauvre Olga Karlatos.
Les maquillages sont extrêmement réalistes et les zombies beaucoup plus impressionnants que ceux de Zombie,
simplement recouverts d'un fonds de teint bleu-vert.
Un film craspec donc mais un vrai film d'auteur à base d'un matériau trivial. On peut tout à fait refuser ce cinéma là, ce qui fut longtemps mon cas mais ses mérites sont évidents.
Ah oui, Verdun, l'écharde (le mot est faible) dans l’œil d'Olga Karlatos est une séquence réussie… mais, à mon point de vue (si j'ose dire) c'est la seule de ce film roublard et prévisible…. Pour nos amis qui ne regarderont jamais L'enfer des zombies,
résumons cette excellente séquence : après avoir pris longuement une douche vivifiante (ce qui permet au spectateur de se rincer le globe) la malheureuse Paola est assaillie par une de ces immondes créatures qui font l'ordinaire des films du genre. Elle parvient à se barricader dans sa chambre, mais la créature, à coup de poing, fait éclater la fragile cloison qui la sépare de la malheureuse, s'empare de sa chevelure et, avec un certain sens de l'inéluctabilité lui fait éclater l’œil sur une des esquilles acérées de la dévastation.
En fin de compte, tout le monde s'ennuie. Et à part les fabricants d'hémoglobine de synthèse, qui peut bien y trouver son compte ?
On peut ne pas aimer le genre, mais il faut reconnaitre que la mise en scène de Fulci est de grande qualité. Il réussit à créer un climat d'angoisse dans une contrée paradisiaque. Les péripéties s'enchainent en respectant certains codes du genre, tout en y associant des éléments de surprise. Fulci croise des éléments réalistes et des éléments d'épouvante, l'assemblage est parfait. La photo de Sergio Salvati participe à la réussite du film, associant lumières et aspects sombres. L'ile et ses alentours sont filmés de façon remarquable. La musique, aussi, est un élément fort… Les ruptures de rythme (zombies se déplaçant lentement face à la mobilité des vivants), également. L'enfer des zombies est une très bonne surprise, un vrai film d'auteur, parfaitement maitrisé, au sein d'un genre que je n'apprécie guère.
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