Dans la veine historique, teinté d'une dimension mélodramatique, le meilleur des films qui ont pour sujet la terrible et sanglante histoire de Beatrice Cenci. Quant à Riccardo Freda, il livre là quelque chose de bien supérieur à ses oeuvres fantastiques, à mon goût.

Eh ben mes vieux ! Sortie DVD le 22 janvier. Un vieux Freda de 1954 avec Gino Cervi… Pourquoi pas ! Theodora, impératrice de Byzance n'est peut-être pas enterré aussi loin que je le croyais, après tout…

Mais ce DVD est-il sorti, en fin de compte, ou ce 22 janvier est-il celui de 2008 ? Il semble en tout cas que cette version de Riccardo Freda soit bien meilleure que le Beatrice Cenci de Lucio Fulci, qui lui est sorti récemment.

Ce qui est curieux, en tout cas, c'est qu'il y a déjà eu, en France, un véritable culte autour de Riccardo Freda. En son temps, ce culte avait le don de m'agacer – un peu comme le culte du giallo qui fort arbitrairement n'aime les drames policiers et thrillers italiens que s'ils sont de série B – mais tout de même, j'aurais aimé que le buzz autour de Freda survive jusqu'à nos jours, disons au moins sous forme de murmure : car des films de Riccardo Freda sur DVD, bizarrement, il n'y en a aucun (si l'on excepte Les Vampires co-réalisé avec Mario Bava). Il ne les faut sûrement pas tous, tant s'en faut, mais quelques-uns, quand même, ne serait-ce que pour le plaisir de se laisser hypnotiser par les yeux légendaires de sa muse Gianna Maria Canale (pour qui il sacrifia son mariage) !

Et j'attends toujours Théodora, impératrice de Byzance…

Si, il existe deux ou trois films de Freda en dvd à savoir Le géant de Thessalie et surtout sa version de Spartacus. Plus une poignée d'autres titres en zone 1.

Maintenant, il est vrai que son oeuvre est peu présente en dvd. Elle est aussi peu présente sur dvdtoile: ainsi j'aimerais bien voir en dvd comme en fiche sur le site cet éblouissant film de cape et d'épée qu'est "Sept épées pour le roi", "Teodora impératrice de Byzance", sa version de "Roger La Honte" tournée en France avec des dialogues de Jean-Louis Bory et un très beau casting dont Georges Géret, Irene Papas, Anne Vernon et Jean-pierre Marielle. Sans oublier L'effroyable professeur Hichcock, un chef-d'oeuvre du cinéma d'épouvante. Ou Le chevalier mystérieux, version des aventures de Casanova qui révéla le talent de Vittorio Gassmann ou encore sa version des Misérables avec Gino Cervi en Valjean..

Qu'elle soit surestimée ou non, comprenant des scories, l'oeuvre de Freda mérite d'être exhumée !

Bel enthousiasme, dont je vous félicite. Peut-être pourriez-vous même éclairer ma lanterne sur Estratto dagli archivi segreti della polizia di una capitale europea (1972) ?

Ce mélodrame de 1956 tourne autour de la tristement célèbre famille Cenci, dont la cruauté n'a rien à envier à celle des Borgia.

En outre, Freda a l'occasion de diriger de bons acteurs, ce qui n'a pas toujours été le cas tout au long de sa carrière. Gino Cervi est convaincant en patriarche cruel et il est bien entouré par Micheline Presle ou Fausto Tozzi entre autres.

On peut donc remercier Gaumont d'avoir restauré et sorti en DVD cette œuvre bien supérieure au Beatrice Cenci de Fulci.

Le moyen-âge, présenté comme une époque tragique marquée par des rapports de classe brutaux, des institutions aux coutumes étranges et violentes…, le tout particulièrement bien illustré un Riccardo Freda, dont on ne peut que constater le génie de cinéaste. Très peu de cinéastes sont capables de produire une oeuvre d'une telle qualité, aussi aboutie et homogène dans ses composantes. L'emploi du cinémascope, les mouvements de caméra, l'emploi des lumières, décors, costumes et de la musique, la direction des acteurs : tout cela est à la fois sobre et efficace, parfait et brillant. Particularités de ce film : le ton désenchanté, sans emphase, le soin apporté aux détails et à la composition du cadre, les confrontations de point de vue (chaque personnage exprime une vérité qu'il estime universelle). On est très loin des canons du cinéma hollywoodien, on se situe dans un registre méconnu et totalement ou presque oublié du cinéma italien, celui des années cinquante. Une très belle surprise, un chef d'oeuvre non reconnu comme tel, ou ignoré du cinéma italien.