Ce film de 1941, remake d'une version muette avec Rudolph Valentino, vient de sortir en dvd, l'occasion de le découvrir. Je n'en connaissais jusqu'ici qu'un extrait, utilisé dans une publicité pour une banque ou une assurance il y a quelques années, dans laquelle Rita Hayworth donnait la réplique à un acteur moderne incrusté dans l'image à la place de Tyrone Power…
Bref ! Il ne s'agit pas, comme on pourrait s'y attendre, d'un hymne à la tauromachie, mais du portrait ambigu et contrasté d'un homme devenu matador à force de conviction (Tyrone Power), avec ses forces et ses faiblesses, révélées à travers cette manière si extrême et passionnelle de gagner sa vie.
Deux femmes incarnent le double aspect de sa personnalité et de ses aspirations. Linda Darnell, l'épouse fidèle, et Rita Hayworth, ensorceleuse fatale, cinq ans avant Gilda.
L'ensemble peut paraître kitsch et théâtral, mais échappe au ridicule par la subtilité du réalisateur Rouben Mamoulian, son travail sur la tension dramatique, l'éclairage, les couleurs, le symbolisme… ou : comment exprimer des sentimants vrais avec tout l'attirail cinématographique, faux par excellence, des débuts du technicolor. Mais justement, les couleurs sont pensées, et ne sont pas là pour en mettre plein la vue.
Les bonus (près d'une heure) sont très intéressants tant en ce qui concerne la présentation et l'analyse du film, que la façon de travailler de Mamoulian, ce réalisateur trop méconnu.
En descendant dans l'arène, la matador sait qu'il devra y interpréter une danse d'attirance / esquive / mise à mort avec le taureau, mais il ignore qu'il devra jouer le même jeu, exécuter les mêmes figures, avec femmes fatales, critiques et public, versatiles et avides de vivre des émotions fortes par son intermédiaire, de le voir risquer sa vie et triompher… ou mourir.
Peu de choses à ajouter par rapport aux commentaires de Delanuit. Film très ambitieux, qui traite toute une flopée de thèmes, autour de l'organisation de la vie en société. La forme suit et produit un classique de toute beauté, à la fois divertissement et source de réflexion. Effectivement, beaucoup de finesse de réalisation pour une prise de recul optimale concernant les comportements des personnages, ambigus, avec leurs forces et faiblesses. Un point fort de Arênes sanglantes est son ton étrange, mélangeant comédie, drame, et une certaine douceur mélancolique.
Blood and sand est un incontournable, pour les cinéphiles purs et durs que nous sommes.
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