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Sujet : Night


De Dède Pipole, le 27 décembre 2002 à 10:31

Je pense que "Sixième Sens" était une sorte de miracle. Car le second film de Shyamalan était bordélique et infantile et celui-là, extrêmement naïf et maladroit, parfois quasi-amateur dans ses effets de mise en scène. Par contre, Mel Gibson a rarement été meilleur. A noter aussi que tout le principe du scénario a plus ou moins été pompé sur le roman de John Irving "Une prière pour Owen".


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De Gaulhenrix, le 2 mai 2003 à 05:06

On a évoqué fort justement Spielberg et Hitchcok.

Spielberg, en effet, pour la vulnérabilité du pasteur et son attachement à protéger ses enfants tout en les préparant aux noirs desseins de la Providence. Ce regard -qui vient du fond de l'enfance- a d'ailleurs été jugé (à contresens !) comme de la naïveté.

Hitchcock, bien sûr. Il faut revoir le générique et le comparer à celui de "Psychose" : même quasi noir et blanc ; même structure musicale empruntée à Herrmann ; même tonalité grave qui le ponctue et même fondu au noir qui le sépare du film. Surtout, le film lie le mal-être intérieur du pasteur à la menace extérieure, comme si le premier déclenchait le second et que celui-ci aidât à résoudre celui-là. On songe, à l'évidence, à "Les Oiseaux" dont l'attaque, née de la suffisance et de la futilité humaines (le personnage de Melanie Daniels) ou encore des rapports possessifs qu'entretient la mère de Mitch avec son fils, semble les punir dans un premier temps avant de les pousser à retrouver la sérénité. Une comparaison qui se justifie en outre par la même utilisation de l'espace que dans « Les Oiseaux » : un rétrécissement progressif, autre "signe" manifeste du malaise d'une personnalité qui s'étiole (champ/ferme/pièces intérieures/ cave, enfin, ultime lieu du dénouement).

Bref, l'intervention de la Providence ne prend pas les formes attendues mais elle aide, en définitive, à vivre. Et cette influence se fait par l'entreprise des morts qui guident les vivants – c'est bien la femme décédée du Pasteur qui délivre le message salvateur à interpréter – à la condition que la foi les "anime", au sens propre du terme. Comment ne pas évoquer le "Zadig" de Voltaire et, plus précisément, l'affirmation de l'ange Jesrad : "Il n'y a point de hasard ; tout est épreuve, ou punition, ou récompense, ou prévoyance."

Il faudrait aussi évoquer – même brièvement – les deux séquences jumelles, qui ouvrent et ferment le film, dans ce qu'elles ont de commun et montrer que ce qui les différencie donne tout son sens au film. Shyamalan n'a pas oublié la leçon de Hitchcock : le cinéma doit "dire" par l'image.

Il n'est pas douteux que Shyamalan porte en lui un véritable univers d’auteur et, pour ma part, j'attends son prochain film avec impatience.


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De Gaulhenrix, le 2 mai 2003 à 19:07

Le premier plan du film montre à travers une fenêtre un jardin vide avec balançoire inutilisée. Puis un très lent travelling arrière, qui déforme le paysage (détail crucial) et fait de la fenêtre un écran de TV, se met en mouvement et donne à voir l’intérieur de la maison (une photo de famille heureuse, une pièce vide, une porte) avant de filmer en gros plan le visage angoissé du pasteur brutalement réveillé. Chaque élément de cette très brève séquence est hautement signifiant : l’art du réalisateur est précisément de ne pas dire ce qui est arrivé au pasteur (et qui ne se révèlera que peu à peu car il refuse de l’évoquer) mais de le suggérer visuellement : par exemple, la balançoire inutilisée signifie des enfants sans jeu ni joie, la vitre sépare la maison (vie intérieure du pasteur) de l’extérieur (vie sociale ) et exprime le refus de la vie ; la photo dans une maison silencieuse évoque certes le bonheur mais un bonheur figé dans le passé, etc. Malaise devant ce jardin déserté, malaise devant cette maison silencieuse, malaise devant cette souffrance du visage réveillé, la tonalité générale du film est donnée dès l’abord.

Le dernier plan du film qui reprend le premier montre, cette fois, le jardin occupé par les enfants et leur oncle. Le même mouvement de travelling arrière traverse la vitre cette fois brisée, donne à voir l’intérieur de la maison, sans la photographie (donc dans l’oubli du passé encombrant et dans le souci du présent), marquée par les cicatrices du combat livré contre les extraterrestres, pour filmer de nouveau Graham Hess mais il est serein, habillé en pasteur et s’apprête à sortir. Le sens est clair : le personnage a retrouvé la foi (l’habit) et l’envie de vivre (prêt à sortir) ; rien ne s’interpose plus (la vitre est brisée) entre vie intérieure (symbolisée par la maison) anéantie par la mort de sa femme et les autres (symbolisés par le jardin occupé par son frère et les enfants) qu’il peut de nouveau aimer et aider : il a fait son deuil de son passé et re-naît à la vie.


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De shilo, le 13 mars 2005 à 17:14

Je trouve ce film complexe, beaucoup plus que les précédents avec un titre a double sens, signes dans le champ de maïs et des signes envoyés par Dieu à Graham qu'il existe et qu'il veille sur lui malgré la mort de sa femme.


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De Impétueux, le 28 mars 2018 à 22:51
Note du film : 2/6

Je suis tout de même assez surpris que Gaulhenrix, qui fut une des meilleures et plus subtiles plumes de DVDToile paraisse attacher de l'importance à ce film, qui n'est pas, à mes yeux, entièrement à jeter aux orties, mais qui n'a pourtant pas tellement de qualités. Sur un coup de cœur on peut, il est vrai, élaborer mille interprétations subtiles et extraire de la moindre insignifiance des éléments capables de faire réfléchir et admirer beaucoup de monde en s'appuyant sur un brimborion, un détail, une insignifiance qu'on peut porter au pinacle.

Signes est un tout petit film de science-fiction de série B (ou C, ou D, ou tout ce que vous voulez) où deux frères un peu torturés par les méchancetés de la vie, clôturés au fin fond d'une ferme ennuyeuse de Pennsylvanie, reçoivent la visite d'extra-terrestres (qui, si j'ai bien compris, se sont également posés un peu partout dans les États-Unis). Ils commencent, en repérages, à disposer dans les champs de maïs circonvoisins des traces géométriques incongrues, prises d'abord pour des canulars de voisins facétieux (c'est à peu près comme ça que sont interprétés les agroglyphes – c'est ainsi qu'on appelle la chose – qui, depuis la fin des années 70 se sont multipliés à la grande admiration et au parallèle effarement des gogos qui veulent y voir l'action d'êtres venus des étoiles). Deux frères Hess, passablement traumatisés : le plus jeune, Merryl (Joaquin Phoenix), ancien champion de base-ball qui a beaucoup réussi et beaucoup raté de matches importants ; le plus âgé, Graham (Mel Gibson) qui fut pasteur épiscopalien et a renoncé à son apostolat après la mort dans un accident automobile de sa femme et qui demeure inconsolable et affublé de ses deux gamins, Morgan (Rory Culkin) et Bo (Abigail Breslin).

Ça se traîne terriblement, avec un paquet de flashbacks destinés à apprendre au spectateur les traumatismes subis par les deux frères et c'est couplé avec les facéties des extra-terrestres qui font des niches inconvenantes aux braves gens. On se demande pourquoi ils sont venus sur la Terre, ce qu'ils désirent, quelles sont leurs prétentions et leurs objectifs, on ne comprend pas très bien pourquoi ils décident de s'en aller ; on pense avoir saisi qu'ils sont vulnérables à l'eau (H2O) qui doit les brûler ou les atteindre de façon irrémédiable ; lorsqu'on les aperçoit, furtivement d'abord, plus libéralement ensuite ils ne font absolument pas peur, corsetés dans une sorte de combinaison qui fait penser aux créatures vêtues ainsi des plus puérils mangas japonais (voilà une jolie collection de pléonasmes, au demeurant : puéril, manga et japonais).

Comme dans tous les films où un groupe qui n'est pas antipathique est assiégé par des forces obscures et essaye de s'en sortir, on parvient à s'intéresser au sort de la famille Hess, mais on se demande ce qui peut pousser un public assez nombreux, paraît-il, à assurer un réel succès aux films de M. Night Shyamalan ; je n'ai rien contre ce réalisateur hindou, d'autant qu'il est né à Pondichéry, qui fut un de nos cinq comptoirs de la péninsule (avec, vous le rappelez-vous ?, Chandernagor, Karikal, Yanaon et Mahé – heureux temps de l'exotisme !), mais enfin, tout ça ne laisse pas beaucoup de traces dans le cinéma. J'allais écrire de Signes, inconsciemment conduit à goguenarder un peu sur un cinéma réservé à des adolescents décérébrés…

Qu'est-ce que Gaulhenrix a pu trouver à ça ?


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