Forum - Bandits à Orgosolo - Néoréalisme pas mort
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Forum : Bandits à Orgosolo

Sujet : Néoréalisme pas mort

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De Arca1943, le 23 octobre 2005 à 01:11

Dans le déluge de bons films qui s'abat sur l'Italie en ce début des années 60, il ne faut pas oublier, en plus de tous les autres phénomènes – le phénomène comédie à l'italienne, le phénomène Totò qui se poursuit, le phénomène Fellini, les phénomènes Antonioni, Visconti, les premiers Zurlini, les premiers Pasolini, les premiers Petri, les premiers Taviani, les meilleurs Pietrangeli, le grand drame politique qui prend son essor avec Salvatore Giuliano, la star adolescente Catherine Spaak et son envol météorique, sans parler de ses consoeurs Claudia Cardinale et Stefania Sandrelli, le fantastique baroque à la Mario Bava, les peplums qui croisent le fer et le poing au box-office, le western italien qui est sur le point de naître, les grands des années 40-50 qui trouvent un nouveau souffle (De Sica avec La Ciociara, Rossellini avec Général della Rovere, Lattuada avec Les Adolescentes, Zampa avec Anni ruggenti, etc), les artisans de la "qualité Italie" qui livrent le meilleur d'eux-mêmes, et tant d'autres phénomènes encore – en plus de tout cela, il ne faut pas oublier le retour de flamme du néoréalisme, avec notamment l'austère et très beau Il Posto de Ermanno Olmi et ce film-ci, célèbre et invisible (je ne l'ai jamais vu) Bandits à Orgosolo, lauréat du prix de la meilleure première oeuvre au Festival de Venise.

Je m'attends à un film âpre, austère et fauché, en sévère noir et blanc, qui me fera partager la vie dure et misérable des bergers de Sardaigne… Je m'en régale à l'avance !


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De Sandokan, le 9 avril 2006 à 18:36

Ceux qui ne connaissent pas le cinéma italien de cette période ne peuvent tout simplement pas croire qu'il s'est fait autant de bons films en même temps… et pourtant c'est vrai !


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De Arca1943, le 8 octobre 2006 à 17:59

Merci pour ton vote, Sandokan. J'en profite pour faire prendre l'air à la fiche de ce classique scandaleusement invisible. Pourquoi invisible, au fait ? Peut-être parce que Vittorio de Seta a réalisé trop peu de films pour être catalogué "grand auteur" et donc n'intéresse guère ceux qui, en particulier lorsqu'il s'agit de cinéma italien, ne pensent qu'en termes de signatures prestigieuses ?

Disons que je me permets d'exprimer ce doute sur la comète, ce soupçon général. La question : « quels sont les grands auteurs? » ne répond pas entièrement à la question « quels sont les bons films ».

Ainsi, Le Terroriste – toujours pas réédité en DVD – est, tout l'indique, un film vraiment remarquable (voir les messages laissés sur ce film par les chanceux qui l'ont vu). Mais qui glosera sur «L'Oeuvre du grand Gianfranco De Bosio? » Personne, et avec raison, puisqu'il n'y en a pas ! De même La Villégiature est un grand film, mais comme De Bosio, le réalisateur Marco Leto travaille surtout pour la télévision et il s'est lancé, cette unique fois-là, dans l'aventure d'un tournage cinématographique à proprement parler. Donc, c'est un one-shot, et on ne peut donc briller dans les salons en laissant tomber le nom de Marco Leto ou Gianfranco De Bosio. Et je soupçonne qu'ultimement, c'est pour ça que ces films n'existent pas en DVD.

Il y a aussi le cas de réalisateurs qui réussissent brillamment un film, deux films, puis sombrent dans la médiocrité ou la redite. (Luciano Salce en est un bon exemple : deux comédies à l'italienne de haute cuvée en 1961 et 1962 – Le Fédéral et La voglia matta, tous deux avec Tognazzi – suivies d'une évidente perte d'altitude, et ses scénaristes attitrés, le tandem Castellano & Pipolo, deviennent eux aussi des tâcherons. C'est dommage pour eux (et pour nous), mais ça ne change rien au fait que Il Federale est un des sommets de la comédie à l'italienne "historique", au même titre que La Grande guerre, La Marche sur Rome, Années rugissantes ou La Grande pagaille. Le malheur commence au moment où, pour obtenir un jour la réédition DVD de ce très bon film, il faudrait passer sous les fourches caudines en entonnant le couplet sur « Luciano Salce, génie méconnu » ou quelque chose du genre, alors que ça n'a rien à voir.

De même, je n'ai sincèrement pas envie de me taper l'oeuvre complète de Carlo Lizzani, par exemple. De mauvais Lizzani, il y en a à foison. Mais par contre, je veux juste voir les bons – peut-être un sur quatre? Un sur cinq? (Comme Le Procès de Vérone ou Chronique des pauvres amants). Puis-je-tu ? Ce n'est pas sûr : car si la question suprême pour rééditer ou non un film est : Carlo Lizzani est-il un Grand Auteur ? sur le total, je suis bien obligé de répondre non. Sauf que cette question n'est pas la bonne, du moins ce n'est pas l'ultime question, qui selon moi serait plutôt : Le Procès de Vérone est-il un bon film ?

Alors, Vittorio de Seta a réalisé très peu de films. Pour savoir s'il est un Grand Auteur,il nous aurait fallu, ma foi, un échantillon plus vaste. Mais Bandits à Orgosolo est-il un bon film?

Évidemment oui? Alors : réédition !


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De Arca1943, le 31 mars 2016 à 18:07

Il sort sur DVD en Italie le 5 avril (pas de sous-titres français).

La vie austère des fiers bergers sardes incarnés par des comédiens non-professionnels en glorieux noir et blanc : voilà qui colle parfaitement dans les critères intellectuels des lettrés pour qui "Italie" signifie exclusivement "grand cinéma d'auteur néoréaliste à voir en cinémathèque", et donc on a déjà Bandits à Orgosolo depuis belle lurette sur DVD ou Blu-ray en français ? Eh ben non. Incroyable mais vrai, on l'a pas.

Mais je dois ajouter qu'en revanche, un très attrayant coffret consacré aux très réputés documentaires du jeune Vittorio De Seta des années cinquante consacrés au Mezzogiorno (sud de l'Italie) est sorti en France. Encore un effort… Et puis il y a aussi Un uomo a meta avec Jacques Perrin… et puis au beau milieu des années 2000, chose inattendue, en plein 21ème siècle, monsieur De Seta, qu'on croyait disparu de la carte, effectue son grand retour à la fiction documentée avec Lettres du Sahara (2006) avant de nous quitter en novembre 2011.


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De vincentp, le 7 octobre 2023 à 22:25
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Un classique reconnu comme tel, qui oscille entre désespoir et espérances. La dramatugie est excellente, mais la partie visuelle l'est tout autant, ce qui constitue à mon sens une surprise. Tourné dans les montagnes de Sardaigne, une terre hostile, ou la vie s'accroche. Certaines séquences -la danse des villageois par exemple- sont impressionnantes. Cette séquence est montrée au travers des bottes qui tapent le sol en musique, sans que l'on voit le visage des protagonistes. La composante musicale et sonore, très réussie, porte le film, et produit un ensemble homogène et prenant. La vie locale est palpable, on sent vivre une communauté -autarcique, austère, fière et rude-. On pense à la Corse voisine. Il existe aujourd'hui un dvd édité par Carlotta.


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De droudrou, le 10 octobre 2023 à 10:54

anecdote toute personnelle – beaucoup plus jeune et malgré le temps passé je n'arrivais pas à dire et lire correctement le titre "ORGOSOLO" qui chez moi devenait "OSLOGORO" – lamentable mais il en était ainsi !…


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De vincentp, le 12 octobre 2023 à 21:17
Note du film : Chef-d'Oeuvre

La dernière lettre (le O) n'est pas prononcée. "Orgozol" en réalité. Superbe film, un de mes coups de cœur de l'année.


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