Un film de Clouzot n'est jamais à négliger ; dans la carrière de ce grand metteur en scène, j'ignore si ce Miquette et sa mère,
reprise d'une pièce à succès de Robert de Flers et de Gaston de Caillavet, déjà tournée avant-guerre par Diamant-Berger
est, ou non, une oeuvre de commande. Je crois plutôt que Clouzot avait saisi la face pathétique de ces tournées de comédiens plus ou moins ratés (assez souvent plus que moins) et qu'il a su en faire un film où la cruauté du regard voisine avec la tendresse.
Dès lors, l'idée du réalisateur a été d'accentuer – et quelquefois jusqu'à la caricature – le caractère de théâtre filmé de son film : ainsi, par exemple les apartés que multiplie le marquis de la Tour-Mirande (Saturnin Fabre) lorsqu'il essaye d'embobiner Miquette (Danièle Delorme)
après qu'il l'a entraînée à Paris pour la lancer sur les scènes de la capitale ; ainsi la multiplication des vues sur les coulisses du spectacle joué on ne sait où (du côté d'Évian ou d'Aix-les-Bains), le côté toiles peintes des décors et bricolage habile des bruiteurs. Et cette accentuation fonctionne assez bien.
Quiproquos et méprises aidant, Miquette part pour Paris afin de rejoindre la troupe poussiéreuse et minable du cabot Monchablon (Louis Jouvet), prétendument chaperonnée par le marquis, qui ne dédaignerait pas de goûter à l'oiselle à la place de son neveu. Mme Grandier mère rejoint les fugitifs mais se laisse embobiner par la magie des tournées et tout le monde se retrouve en province. Ce deuxième segment – ce deuxième acte – est d'assez loin le plus faible. Et au troisième acte, lors d'une représentation qui manque tourner aussi mal que celle d'Hellzapoppin,
tout s'arrange, Miquette retrouve Urbain, sa mère épouse le marquis et Monchablon bénit les amours venues et à venir.
Bémol malencontreux, Bourvil. Je sais combien l'acteur avait des ressources incroyables et combien il a pu le montrer quand des réalisateurs non conformistes lui ont donné la chance de jouer autre chose que les gugusses normands (Autant-Lara,
Melville
et même Le Chanois,
Cayatte
et Mocky).
Mais en 1949, c'est encore le personnage du benêt insupportable qui l'emporte. Pénible impression : je gage que Roland Toutain,
dans la version de 1934, était plus conforme au personnage.
Bon. Vétilles que tout cela : je ne puis pas dire que si le film n'avait pas été signé Clouzot, je l'aurais acquis et regardé ; mais divertissement agréable de qualité… N'est pas belle, la vie ?
Page générée en 0.0055 s. - 5 requêtes effectuées
Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter