La chamade est un film terriblement vrai, terriblement lucide, terriblement indifférent à la morale commune et terriblement porteur d'une évidence sèche : à la vie d'amour et d'un peu plus que d'eau fraîche (Antoine n'est pas chiffonnier d'Emmaüs, tout de même !), il n'est pas absurde de préférer une vie d'amour plus sage et de champagne millésimé…
Les calmes certitudes du roman de Françoise Sagan sont extrêmement bien rendues par le talent d'Alain Cavalier, qui filme avec beaucoup de grâce et d'intelligence un monde aussi léger et superficiel que tous les autres mondes, mais qui, au moins, a du goût, de la tenue, de l'élégance… Meubles Knoll, costumes Renoma ou Arnys, homosexuels discrets (parfait Jacques Sereys), impression que rien ne peu se passer d'épouvantable autrement que les habituels (donc rassurants) égarements du cœur et de l'esprit…La chamade est un film de 1968 ; c'est peu dire qu'on n'y aperçoit rien des événements du printemps…. le sujet de Françoise Sagan, c'est évidemment les multiples ruses que l'homme emploie pour lutter contre la solitude, jamais la trivialité de la révolution…
La Chamade clame haut et fort une incertitude, la double fonction d'une femme programmée pour deux manières de vivre aux antipodes l'un de l'autre : la sécurité dans l'ennui et l'insouciance virevoltante dans le dénuement.
Pour Charles, Lucile est une pièce de collection, un bibelot que l'on exhibe en soirée, pour Antoine elle est une maîtresse doublée d'une mère.
La protection n'est plus subite, elle est offerte à la jeunesse désordonnée d'Antoine qui n'a aucune conscience du lendemain. Charles est accompli, Antoine s'élabore dans la bohème. Lucile reprend des couleurs de l'autre coté du miroir.
Le choix final aura l'apparence d'une fausse souffrance. Lucile trop survoltée consumera beaucoup trop vite cette nouvelle passion sans lendemain.
Catherine Deneuve est sublime dans cette chaleur feinte refuge d'une immense froideur.
Je vous rejoins ; à mes yeux, c'est la meilleure adaptation d'une de ces histoires si semblables et si différentes, si sèches et si fragiles de ce talent pur qu'était Françoise Sagan…
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