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La belle au bois dormant..


De Tamatoa, le 27 septembre 2013 à 00:13
Note du film : 2/6

Marcel L'Herbier est un grand nom de l'histoire du cinéma, je veux bien. Du cinéma un peu "particulier", je veux bien aussi. Avant-gardiste, "symboliste" et tout le toutim, d'accord. Mais il arrive un moment où il faut que ça ressemble à quelque chose, que ces mots très intellos s'accrochent à quelques démonstrations, un je ne sais quoi de plaisant et de carré qui nous emporte dans un autre cinéma. Or cette Nuit fantastique ne vaut que parce que l'occasion nous est donnée d'y retrouver des têtes d'affiches célèbres. Cette histoire est assez laborieuse et frise un certain ridicule surtout dans la première demi-heure, abondamment entretenu par un Fernand Gravey en toute petite forme (bien que ne l'ayant jamais vu grandiose) qui passe du réel à l'onirisme avec des enchainements pas très heureux. Pourtant, force est de constater qu'il nous est difficile de ne pas être assez ébloui devant la virtuosité de certaines scènes. Pierre Montazel sait jouer avec les ombres et les lumières dans cette Nuit fantastique qui semble ne pas vouloir en finir. Une belle, très belle photo. Et lui seul, ou presque, sauve cette œuvre.

Car ce n'est ni l'histoire, ni le jeu très moyen (peut-être avaient-ils sommeil) des acteurs qui nous laissera un souvenir de ce film. Mais la grâce de la technique employée. Pourtant Micheline Presle est bien jolie dans cette nuit qu'elle administre avec force tourbillons et moult sourires radieux. Mais la sauce ne prend pas pour autant. Avant-garde… Ce film s'installe dans une espèce de demi-coma et tous les protagonistes ont du mal à faire la part des choses. Rêve ? Réalité ? Où sommes nous ? Et l'excellent Saturnin Fabre a beau nous pousser du coude, on a peine à ne pas bâiller avec le héros. Et chose fort étrange, Michel Vitold que l'on a connu placide et réfléchi tout le long de sa carrière est ici survolté comme un lion dans une cage. C'est vraiment un contre-emploi.

On n'accroche pas à un rêve qui hésite de trop. Et notre façon alors de nous en éloigner est, paradoxalement, de nous endormir.. Il n'en demeure pas moins que, malgré mes critiques du début, c'est une belle histoire d'amour qui aurait pu nous être contée. Mais nous avons toujours l'impression de la vivre derrière un rideau grisâtre. Peut-être moins sombre que la période où ce film fut tournée, très vite et presque en catimini nous dit-on, mais cela ressemble à un brouillon très hésitant. Henri Jeanson fait pourtant preuve d'un peu d'humour et de beaucoup de romantisme. C'est un film qui, dans une période moins troublée, aurait peut-être mérité une plus grande attention de la part de L'Herbier. Le tourment, une constante chez le cinéaste, peut donner de grands films mais il ne faut pas en abuser. Pourtant l'Occupation nous a emmené des chefs-d’œuvre impérissables. Alors, pourquoi ce film n'en est-il pas un ? Ou du moins un grand film ? Tout les ingrédients étaient réunis pour combler notre mémoire . Si Cocteau s'était emparé du sujet, il aurait été plus circonspect sur la façon de travailler le rêve. Avec L'Herbier, on se perd dans une nuit qui nous dépasse et qui, à défaut d'être reposante, est soporifique..

Qu'en pense Méliès dans son tombeau, puisque au départ le film devait s'intituler "Le tombeau de Méliès"  ? Mais que je suis bête : Il dort…


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