Accueil
Voici les derniers messages de ce forum :

Le film le plus obscur de Kazan


De verdun, le 16 février 2014 à 01:47
Note du film : 5/6

Un tel film constitue une aventure cinématographique hors du commun : un cinéaste immensément réputé, dont les films précédents, America America et l'arrangement ont été des bides, réalise un film quasiment amateur. Lui le directeur de monstres sacrés comme Brando ou James Dean dirige des comédiens amateurs, même si James Woods deviendra une star. Lui qui a toujours fait preuve d'un grand souci formel filme en 16 mm granuleux.

Sa thématique, elle, reste personnelle : le plus gros du film consiste une fois de plus en une réflexion sur la dénonciation qui ne manque pas de nuances ni d'ambiguïtés : est-ce vraiment une justification de la dénonciation, comme on a pu le penser ? Les deux parties, les visiteurs et visités ont toutes les deux des torts. Les deux visiteurs ne partagent pas non plus la même vision des choses.

Tout le côté amateur du film renforce l'imprévisibilité du film et son caractère menaçant. Le spectateur n'a guère de repères. Comme le dit vincentp dans son message précédent, le film n'est peut-être pas à conseiller à tous mais son suspense est réel malgré quelques longueurs.

Il est fascinant de voir l'aisance de Kazan dans une petite production après avoir fait de grands films dans de grands studios et de livrer en 1971 un film en adéquation avec le cinéma de la violence qui régnait alors: on pense souvent ici à la douleur de Délivrance et des chiens de paille.


Répondre

De vincentp, le 28 décembre 2011 à 19:58
Note du film : 5/6

4,8/6. Sorti en salles en 1972, The visitors aborde le sujet de la guerre du Vietnam sous un angle politique et psychologique. Cette guerre est présentée, à un niveau macroscopique, comme un affrontement entre deux blocs politiques. L'écrivain du récit -il s'appelle Wayne- soutient visiblement des idées républicaines (du moins, telles que Kazan se les imagine) et une méthode musclée vis à vis du communisme. Ce décor idéologique et historique planté, The visitors s'intéresse aux conséquences psychologiques du conflit. De petites failles psychologiques au sein d'individus ordinaires, par le fait de la guerre, deviennent des troubles psychiatriques majeurs. Des éléments désinhibant tel que l'alcool réactivent ou amplifient ces troubles, avec de graves conséquences pour la société américaine, et ses valeurs démocratiques. Au sein de cette société, des individus errent sans projet constructif, socialement marginalisés à vie, usant et abusant pour leur propre compte de la violence qu'ils ont mis en œuvre au Vietnam.

Kazan prend ici soit-dit en passant l'exact contrepoint de celui présenté par John Huston dans son documentaire Let There Be Light, lequel délivre une vision foncièrement optimiste quant aux possibilités de réinsertion sociale de soldats démobilisés. Le propos de Kazan est très démonstratif, et prend le spectateur à rebrousse-poil. La lumière blafarde de l'hiver, et une panoplie de plans judicieusement choisis créent un climat oppressant pour le spectateur. Le film est très bien réalisé, photographié et joué. Toutefois, le temps est passé par-là (quarante ans nous séparent désormais de la date de réalisation de The visitors), et ce type d'œuvre assez dure du début des années 1970 (on pourrait mettre Soldat bleu dans le même panier), pourra rebuter le spectateur contemporain. D'autre part, on peut estimer que The visitors, malgré ses qualités évidentes, n'est pas l'œuvre la plus marquante (sur un plan cinématographique) de son auteur. Sa thématique pointue et sa forme particulière -représentation de troubles psychologiques et psychiatriques- le destineraient aujourd'hui plutôt à un public averti ou cinéphile, désireux de connaitre l'œuvre de Kazan dans son intégralité.


Répondre

Installez Firefox
Accueil - Version bas débit

Page générée en 0.0021 s. - 6 requêtes effectuées

Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter