4,8/6. Sorti en salles en 1972,
The visitors aborde le sujet de la guerre du Vietnam sous un angle politique et psychologique. Cette guerre est présentée, à un niveau macroscopique, comme un affrontement entre deux blocs politiques. L'écrivain du récit -il s'appelle Wayne- soutient visiblement des idées républicaines (du moins, telles que Kazan se les imagine) et une méthode musclée vis à vis du communisme. Ce décor idéologique et historique planté,
The visitors s'intéresse aux conséquences psychologiques du conflit. De petites failles psychologiques au sein d'individus ordinaires, par le fait de la guerre, deviennent des troubles psychiatriques majeurs. Des éléments désinhibant tel que l'alcool réactivent ou amplifient ces troubles, avec de graves conséquences pour la société américaine, et ses valeurs démocratiques. Au sein de cette société, des individus errent sans projet constructif, socialement marginalisés à vie, usant et abusant pour leur propre compte de la violence qu'ils ont mis en œuvre au Vietnam.
Kazan prend ici soit-dit en passant l'exact contrepoint de celui présenté par
John Huston dans son documentaire
Let There Be Light,
lequel délivre une vision foncièrement optimiste quant aux possibilités de réinsertion sociale de soldats démobilisés. Le propos de Kazan est très démonstratif, et prend le spectateur à rebrousse-poil. La lumière blafarde de l'hiver, et une panoplie de plans judicieusement choisis créent un climat oppressant pour le spectateur. Le film est très bien réalisé, photographié et joué. Toutefois, le temps est passé par-là (quarante ans nous séparent désormais de la date de réalisation de
The visitors)
, et ce type d'œuvre assez dure du début des années 1970 (on pourrait mettre
Soldat bleu dans le même panier), pourra rebuter le spectateur contemporain. D'autre part, on peut estimer que
The visitors,
malgré ses qualités évidentes, n'est pas l'œuvre la plus marquante (sur un plan cinématographique) de son auteur. Sa thématique pointue et sa forme particulière -représentation de troubles psychologiques et psychiatriques- le destineraient aujourd'hui plutôt à un public averti ou cinéphile, désireux de connaitre l'œuvre de Kazan dans son intégralité.