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Peu de frissons, beaucoup de vampires


De droudrou, le 20 février à 12:51

Mais mais mais, mon Cher Impétueux,

vous poussez à la débauche avec un corps aussi alangui on en mangerait on passerait facilement à table !… avec les draps en serviettes de table !…

néanmoins, en contrepartie, une belle découverte que celle du Donjon de Septmonts là, vous excitez ma curiosité !… Merci ! Je recommanderai à chacun d'aller sur le site deux diaporamas bien faits permettent de faire de splendides découvertes ! encore merci !


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De Impétueux, le 19 février à 17:35
Note du film : 3/6

Passionné de cinéma depuis l'enfance, assistant réalisateur de Luis Buñuel (paraît-il), concepteur de quelques courts-métrages, Jean Rollin a saisi en 1968 qu'il pouvait trouver le succès en se posant au confluent de deux tendances lourdes. Deux tendances qui de façon singulière et sans rapport direct l'une avec l'autre avaient mis ou allaient mettre pour un long temps la main sur l'imaginaire du monde. C'était d'abord la vogue des films de vampires, relancée dix ans auparavant par la Hammer avec l'indétrônable Cauchemar de Dracula qui faisait revivre les solides recettes horrifiques des États-Unis de la Grande crise. Puis – ce qui allait devenir un déferlement – la libération sexuelle et davantage encore, à ce moment précis la fin de la pudibonderie qui a permis que la nudité intégrale fût exposée à l'écran. La pornographie ne s'est établie que quelques années plus tard, avec une telle puissance qu'il a fallu, fin 1975, imposer le classement X, fiscalement pénalisant.

Donc Jean Rollin de façon assez maligne, s'appuyant sur la conjonction du vampirisme et de la nudité, jouait sur du velours. Il attirait dans les salles petites inconfortables du Quartier latin, rue de la Harpe, rue Saint Séverin, rue de la Huchette (le mythique et célèbre Styx) et dans les circuits secondaires en province tout un peuple de curieux vampiro- et érotomaniaques. Je le sais bien : j'étais du nombre !

En fait, on sortait de la salle décontenancé et déçu : on n'avait eu son content ni de terreur, ni d'érotisme ; et en plus c'était hiératique et guindé, ça se prenait au sérieux, c'était grave et pesant. En tout cas jugions-nous ainsi à l'époque. Ce qui n'empêchait pas que l'année suivante, on repiquait au truc. Ainsi, après avoir vu en 1968 Le viol du vampire, en 1969 La vampire nue, me suis-je précipité, en 1970 pour Le frisson des vampires (et sûrement, en 1971 pour Requiem pour un vampire). Mais le filon s'est épuisé vite et le réalisateur a dû se résoudre à tourner n'importe quoi – donc du porno – puis beaucoup d'alimentaire avant de revenir, mais en encore moins convainquant, beaucoup moins, à ses premières amours avec La nuit des traquées en 1980, Les deux orphelines vampires en 1997 ou La fiancée de Dracula en 2002.

Cette longue pérégrination faite, que dire du Frisson des vampires, que je n'avais pas vu depuis plus de cinquante ans ? Eh bien que, comme certains vins, les films du metteur en scène prennent avec le temps un certain parfum, un arôme bizarre qui n'est pas que désagréable. Ne pas se payer de mots, toutefois : qui n'est pas familiarisé ou amusé par les souvenirs de ce cinéma-là serait gravement déçu par le spectacle d'un film qui, comme d'habitude, n'a ni queue, ni tête

Voilà qu’un jeune couple marié juste auparavant (la mariée porte encore sa robe blanche), Antoine (Jean-Marie Durand) et Ise (Sandra Julien) vient rendre visite, en Normandie, à deux cousins d'Ise, William (Jacques Robiolles) et Hermann (Michel Delahaye). Mais à peine le jeune couple est-il arrivé qu'il apprend d'Isabelle (Nicole Nancel), une femme étrange qui était la maîtresse des deux hommes, qu'ils sont morts.

Pourtant les deux servantes du château, l'une blonde (Marie-Pierre Castel), l'autre brune (Kuelan Herce) certifient aux jeunes gens que les maîtres sont encore vivants. Et de fait, ils apparaissent un peu plus tard. C'est que jadis émérites chasseurs de vampires, ils ont été malencontreusement contaminés par la peste sanglante et obéissent désormais à la fatalité vampirique. D'ailleurs Isolde (Dominique), sorte de contrôleuse sévère de l’orthodoxie des buveurs de sang y veille.

Les péripéties, aussi invraisemblables que mal amenées et mal conduites se succèdent. Naturellement le but de la manœuvre est d’attirer la pure Ise dans le monde de la nuit. Ce ne sera pas trop difficile, car la vampire-chef Ise emploie toute sa fascinante et glaçante séduction pour la faire passer d’un état à l’autre ; on sait bien que la victime prévue, une fois infectée ne rêve que de devenir la proie complète des ténèbres.

Ça se termine par l’anéantissement des vampires dû à la révolte des deux servantes et à la survenue matutinale du soleil qui, comme on le sait, efface littéralement les monstres de notre monde. Et le pauvre Antoine, qui a tout fait pour sauver sa femme Ise n’a plus qu’à pleurer toutes les larmes de son corps.

Et ce n’est tout de même pas désagréable à regarder : des jeunes filles complaisamment dénudées, bien sûr, mais aussi la présence physiquement toujours intéressante de ces deux acteurs, mais aussi auteurs, cinéastes, journalistes que furent jadis Robiolles et Delahaye. Puis les jeux de couleurs qu’on a aimé chez Mario Bava et qu’on appréciera plus encore ensuite chez Dario Argento. Et les habituels décors de cimetières nocturnes aux arbres agités par le vent.

Et en prime de nombreuses vues du très étrange et merveilleux Donjon de Septmonts, dans l’Aisne, à côté de Soissons, dont je recommande la découverte à tous les amateurs d’étrangeté .


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