Parasite est bien filmé (plans, lumière) mais le scénario joue le carte d'une surenchère permanente dans le domaine du spectaculaire, avec un goût inné pour le mauvais gout. Si ce film était tourné dans les transports en commun parisiens, les usagers de la RATP seraient en slip et les conducteurs des rames de RER auraient fier allure en caleçon hawaïen. Le metteur en scène de Parasite ne recule devant rien… Une palme d'or à Cannes qui sera vite oubliée.
Alors que la famille Park est partie pour le week-end, la famille Ki se retrouve dans la maison pour célébrer sa réussite et se réjouir de duper avec tant d'habileté ses riches employeurs. Tout le monde boit beaucoup mais tout le monde est interloqué lorsque sonne au portail sécurisé l'ancienne gouvernante revenue, dit-elle, pour récupérer un objet oublié. Le film quitte alors le sillon qu'il suivait et va peu à peu se déchaîner dans d'autres directions.
Il n'est pas absolument nécessaire ou opportun de narrer la suite si ce n'est, sans doute que, dépités par la pluie battante qui ne cesse de tomber sur la Corée, les Park reviennent inopinément. On songe alors à d'autres orientations que pourrait prendre le film, notamment l'évidence apparente de l'assassinat des riches par les pauvres, comme dans La cérémonie de Claude Chabrol. Voilà en tout cas qui aurait satisfait ma rationalité occidentale. Mais Bong Joon-ho est le remarquable représentant du cinéma d'une étrange contrée lointaine, très loin de nos repères et de nos codes : la deuxième partie du film va s'éloigner de tous nos sentiers battus. Je dois dire que j'ai bien moins accroché à cette deuxième partie, que j'ai trouvée farfelue, rocambolesque et outrancière, même si je lui reconnais de belles qualités visuelles et un sacré sens du rythme (ainsi la course éperdue de la famille Ki dans le Séoul misérable où déferle l'orage et où les égouts débordent). Mais le réalisateur ne sait pas s'arrêter et a besoin de tout expliquer au spectateur. De là un bon quart d'heure de trop, le dernier, très américanisé, donc très artificiel.Cela dit et même si je ne suis pas certain que Parasite demeurera dans les mémoires autrement que comme un film habile, trop habile et si je préfère, du même réalisateur, Memories of murder, plus sec, plus maigre, plus vigoureux, j'ai bien apprécié cette plongée dans ce curieux pays pluvieux, incertain, lointain, un peu inquiétant mais sûrement plein de qualités bizarres.
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