Cher Arca, je suis absolument d'accord avec vous : la France, en Algérie, a multiplié les sottises, les impropriétés, les errances et les humiliations…
Il y a quelque chose que vous ne citez pas, mais qui est, en plus d'une honte, une idiotie absolue : le décret Crémieux de 1870 qui a accordé la citoyenneté française aux 35.000 Juifs d'Algérie, eux aussi installés depuis des siècles sur ce territoire. Cette disparité de traitement portait en germe toutes les erreurs de la suite…
« Mais ça n'empêche pas la nostalgie d'Alger la blanche ni la tristesse devant tant de morts. »
Je crois que cette controverse – que je ranime des lunes plus tard, sans motif particulier – tient au fait que vous me parlez sentiments alors que je vous parle politique. Je dois dire que l'irrationalité (non la vôtre mais celle de la France à une autre époque) a le don de me faire grimper aux rideaux. Le désastre dont vous parlez n'était sans doute pas inéluctable – ou alors, l'indépendance de l'Algérie était sans doute inéluctable mais ne se serait pas faite de manière aussi sanglante et chaotique – n'eût été de cette mesure absurde, bizarre, à l'envers du bon sens le plus élémentaire, prise au XIXème siècle: à savoir, bien précisément, que les Algériens nouvellement conquis étaient officiellement tenus pour des nationaux français, mais aucunement citoyens de la République française ! Mais bon sang de bois, mais tabarnac, qui est donc le fieffé imbécile qui a introduit cette recette du chaos ?
Vous me citez Fort Saganne, et «Ces gens-là ne sont pas comme nous». Bon. Alors oui, bien évidemment, la civilisation arabe est une chose et la civilisation française une autre : alors, donc, en effet, les Arabes n'étant «pas comme nous» (nous les Français) et les Français n'étant «pas comme nous» (nous les Arabes), les Algériens n'étaient donc pas du tout des nationaux, à l'évidence ! C'est vous-même qui le confirmez en ayant recours à cette citation ! Par contre, la CITOYENNETÉ, elle – fait politique, juridique et administratif – n'implique aucunement une affaire d'identité nationale. Si ces dirigeants Français du XIXème siècle avaient eu ne serait-ce que pour deux doigts de bon sens, de respect pour la réalité, ils auraient décrété bien évidemment le contraire de ce qui fut décrété : à savoir, que les Algériens nouvellement conquis n'étaient certes pas des nationaux (vu que "pas comme nous" et vice-versa), mais que suite à la conquête militaire de leur pays par la France, ils étaient désormais des citoyens de la République française. Et là, ça aurait pu se tenir à la rigueur.
Ce qui m'enrage le plus dans cette histoire, c'est que – ais-je découvert à ma grande surprise – ces législateurs mal avisés du XIXème siècle comprenaient parfaitement, eux, de façon tout à fait claire, la distinction entre citoyenneté et nationalité dont nous aurions tant besoin à notre époque où la confusion entre les deux est de plus en plus grande (et périlleuse). Mais voilà, ayant cette distinction si utile très claire à l'esprit, ils l'ont appliquée à l'envers, décrétant ces nouveaux Français comme nationaux mais pas citoyens, alors qu'ils auraient dû être tenus pour citoyens mais pas nationaux. Voilà.
Formidable "Les compagnons de Baal" en effet ! (quel délire !!) je me rappelle aussi de son rôle dans "La religieuse" de Rivette et il me semble l'avoir vu dans un Robbe-Grillet, je ne sais plus lequel…
Étrange filmographie conjuguée avec un étrange physique… Apparence hautaine et glacée, souvent inquiétante. Il a beaucoup joué pour la télévision (aux temps où la télévision était en passe de devenir un mode d'expression authentique) ; j'en ai un bon souvenir dans Les compagnons de Baal de Pierre Prévert, récit rocambolesque à visée horrifique où il incarnait le Grand Maître d'une secte cruelle dont l'objectif était de dominer le Monde…
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