Le message de Jarriq fait bien le tour du film. J'ajoute simplement ce détail intéressant : pour une rare fois dans un film américain récent, le contexte étranger m'apparaît crédible. Cette Autriche des Habsbourg se tient, me semble-t-il, non seulement par les décors et les costumes, mais aussi du point de vue de l'esprit de l'époque. Et pourtant remarquez bien qu'on ne demande pas la lune, surtout à ce genre de film qui tisse sa toile à partir de données aux frontières du fantastique, du rocambolesque. Mais alors que j'ai vu récemment des Italie et des France auxquelles je ne croyais guère (Chocolat, Captain Corelli's Mandolin) avec cette Autriche j'ai marché. Il faut dire aussi que ce prince du régime joué par Rufus Sewell, ce flic du régime joué par Paul Giamatti sont de fort bons personnages.

"on n'a aucunement l'impression d'avoir été blousé. On se sent juste comme le flic (Giamatti, parfait comme toujours) sur le quai de gare : ahuri et content." (PM Jarriq)

C'est tout à fait cela : un film qui fait passer un très bon moment. Et puis quel plaisir que de voir l'Art mystifier la Tyrannie, et l'illusionniste se venger du despote !

Excellente surprise, que ce film U.S. tourné en Europe, et qui tient par la force de son scénario. The illusionist est certes une histoire "à chute", mais Burger ne triche pas, donne toutes les clés en cours de récit, et quand arrive la surprise finale, on n'a aucunement l'impression d'avoir été blousé. On se sent juste comme le flic (Giamatti, parfait comme toujours) sur le quai de gare : ahuri et content. La mise en scène est assez quelconque, mais il aurait été dommage de noyer le film sous des effets surperflus, et la direction d'acteurs est sans faille, à commencer par Norton qu'on n'avait pas vu aussi sobre et charismatique depuis American history X, et Rufus Sewell parfaitement haïssable en prince parano. Mêlant adroitement le romantisme le plus échevelé, à des rebondissements délirants de feuilleton populaire, The illusionist est un film totalement original, n'évoquant aucun autre, et bien plus profond qu'il n'en a l'air. S'il fallait mettre un minuscule bémol, ce serait le choix de Jessica Biel, comédienne insipide et qui plus est bien plus jeune que Norton (alors qu'ils sont censés avoir grandi ensemble), qui manque totalement du charisme nécessaire à ce rôle en demi teintes. Mais, pas de quoi gâcher le plaisir !