Un initiateur se dématérialisant après ses cours offre à de jeunes yeux ébahis un terrible adversaire au rationalisme, une illusion s'attaquant à des régimes politiques carbonisés par l'arrivisme.

Un amour de jeunesse contrarié par un cinglant rappel à l'ordre « Rappelez vous votre rang » permet à un magicien hors norme de progresser en mariant superbement une machinerie à une spiritualité.

Des papillons volants soutiennent dans les airs de petits tissus blancs servant à contenir de belles larmes féminines. Excalibur retourne à la pierre sous l'apparence d'un parquet princier, un oranger majestueux défie la lenteur du temps en poussant instantanément devant un auditoire ravi de si belles démonstrations métaphysiques.

Un futur empereur se dévore davantage de mégalomanie devant les prouesses d'un homme maniant merveilleusement l'autre coté du miroir. Les masses sont conquises, de chers disparus apparaissent sur les planches de théâtres bondés en répondant spontanément aux questions posées par un public aux anges.

Le royaume de Vienne est menacé par une république spirituelle, l'illusion devenue un parti politique prend l'ascendant sur une monarchie ayant toujours la main sur l'épée prête à réprimer une foule à bout de souffle suite à la disette.

Ce nouveau pouvoir est fulgurant, dans l'impossibilité d'expliquer ces tours défiant toutes rationalités, le magicien devient un Dieu porté vers l'empyrée par toutes les couches de la société.

« L'illusionniste » bordé de l'agréable musique répétitive de Philip Glass se promène sur le fil du rasoir du rêve et de l'analyse rationnelle, il possède d'agréables fausses routes dont les impacts d'arrivées charment nos sens.

Eisenheim lucide de la force persuasive de son métier préfère se stabiliser aux yeux d'un peuple manipulable par un aveu honnête.

Tout se glane par l'apparence, cette bombe nivelle une réalité qu'il faut assumer pour mieux la combattre.

Il y a certainement une vérité dans la magie, pour le comprendre il faut marcher dans les pas d'une promesse évanescente sans fin, c'est peut-être cela la définition de l'illusion.

Salut. Je n'aurais pas tout à fait la même façon de voir les choses… Dire que ce film est original, je n'e suis pas vraiment convaincu. La trame générale se sent quand même venir, et il parait aisé de deviner ce qui va se passer. Cela, pour ma part n'enlève absolument rien au fait qu'une fois le film lancé, on reste captivé. Le mélange entre réalité historique et un coté science fiction est particulièrement convainquant. Sans être le film du sciècle, l'illusionist reste un bon moment à passer. Et il faut dire ce qui est… ça fait du bien de retrouver un Edouard Norton à la hauteur !

Bonjour Just Jorel

C'est vrai la réalisation à part le numérique est assez plate, le shema est hyper classique, amour de jeunesse contrarié, despote jaloux et meurtrier, ce film sans surprises a une structure d'adolescent. Par contre un débat peut s'instaurer sur le pouvoir de l'illusion sur les masses. La magie devient un parti politique dangereux, la féerie métaphysique conquiert des esprits sans repères manipulés dans tous les sens par des dirigeants sans scrupules, Eisenheim le comprend bien dans un instant de lucidité en préférant arreter cette dangereuse supercherie ne menant nulle part. La seule chose à préserver est son amour de jeunesse gardant pur son cheminement.

à l'origine, je pensais à un roman de Caleb Carr, auteur de l'Aliéniste dont l'intrigue se déroule, me semble-t'il (ma mémoire n'est pas infaillible) à la même époque, l'écrivain semblant bien au fait de cette période… par ailleurs, la bande annonce me semblait trompeuse car, là encore, il me semble bien que l'intrigue se centrait sur un personnage tout aussi énigmatique auquel le grand Oudini aurait prété ses traits. pour mémoire, il me semble bien que Tony Curtiss avait tenu le rôle…

"on n'a aucunement l'impression d'avoir été blousé. On se sent juste comme le flic (Giamatti, parfait comme toujours) sur le quai de gare : ahuri et content." (PM Jarriq)

C'est tout à fait cela : un film qui fait passer un très bon moment. Et puis quel plaisir que de voir l'Art mystifier la Tyrannie, et l'illusionniste se venger du despote !

Le message de Jarriq fait bien le tour du film. J'ajoute simplement ce détail intéressant : pour une rare fois dans un film américain récent, le contexte étranger m'apparaît crédible. Cette Autriche des Habsbourg se tient, me semble-t-il, non seulement par les décors et les costumes, mais aussi du point de vue de l'esprit de l'époque. Et pourtant remarquez bien qu'on ne demande pas la lune, surtout à ce genre de film qui tisse sa toile à partir de données aux frontières du fantastique, du rocambolesque. Mais alors que j'ai vu récemment des Italie et des France auxquelles je ne croyais guère (Chocolat, Captain Corelli's Mandolin) avec cette Autriche j'ai marché. Il faut dire aussi que ce prince du régime joué par Rufus Sewell, ce flic du régime joué par Paul Giamatti sont de fort bons personnages.