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Rendez-vous manqué


De verdun, le 23 mai 2020 à 14:39
Note du film : 2/6

Un jeune avocat, Federico Fendi (Omar Sharif), s'éprend d'une femme au regard triste, la belle Carla (Anouk Aimée), douloureusement marquée par des échecs sentimentaux. Il la soupçonne de tomber un peu trop facilement amoureuse. Son enquête sur le passé de la demoiselle n'aboutit cependant à rien et il l'épouse. Carla se révèle une épouse tendre et dévouée. Mais Federico ne se sent pas en paix. Le passé trouble de la jeune femme l'obsède. Il la croit capable de mener une double vie.

Avec Le rendez-vous, sorti en 1969, Sidney Lumet s'essayait à un registre fort éloigné de ses préoccupations habituelles, en tournant ce drame romantique.

A l'évidence, Lumet manifeste une envie de se rapprocher du cinéma d'auteur européen en vogue dans les années 60. Le rendez-vous est le fruit de la double influence de Lelouch -ainsi qu'en atteste la présence de Anouk Aimée- et de Michelangelo Antonioni, comme en témoignent le choix de tourner à Rome et surtout, le fait de confier la photographie du film à Carlo Di Palma, opérateur du désert rouge et de Blow Up. Lumet avouera par la suite avoir accepté Le rendez-vous dans le seul but de pouvoir travailler avec le chef-opérateur italien, dont il admirait le travail sur la couleur.

Hélas, c'est vraisemblablement cette double influence contradictoire qui paralyse Le rendez-vous: cette histoire d'amour impossible devrait bouleverser le spectateur et quelques moments, comme un spectaculaire travelling où la caméra s'éloigne progressivement des deux amants jusqu'à nous révéler que le couple se trouve sur une île presque déserte, montrent un certain lyrisme. Mais la froideur pseudo-antonienne avec laquelle cette histoire est traitée annihile l'émotion qui devrait s'emparer de nous.

Le rendez-vous se veut aussi un film à énigme, puisque le mari enquête sur le passé sulfureux (ou non) de son épouse. Cet aspect là est également moins prenant que ce qu'il aurait pu être à cause d'une écriture trop légère, qui peut fonctionner dans les Godard de la grande époque mais pas chez Lumet.

Alors que Lumet est un grand directeur d'acteurs, le couple formé par Omar Sharif, acteur charismatique et plus doué que ce qu'on a pu en dire mais souvent mal distribué, et la magnifique Anouk Aimée, n'émeut pas. Quant aux acteurs italiens présents dans des seconds rôles, tels Luigi Proietti, ils semblent beaucoup moins à l'aise dans cette production américaine que dans les comédies italiennes.

Avec Le rendez-vous, Lumet a soigné ses images davantage qu'à l'accoutumée, mais on est à des années-lumières de la puissance de La colline des hommes perdus et de Point-limite. Le drame psychologique auteurisant n'était sans doute pas fait pour lui.


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