Le sujet est l'un des plus beaux qu'on puisse imaginer, le sauvetage des oeuvres d'art pendant la seconde guerre mondiale. Le train s'inspire d'un roman de Rose Valland, dont la figure a inspiré récemment l'affligeant Monuments men.
Le train devait être réalisé par Arthur Penn qui songeait à en faire une réflexion sur l'art, mais cette optique n'était pas du goût de Burt Lancaster qui voulait faire un film d'action "bankable" après l'échec aux Etats-Unis du guépard.
Penn fut donc remplacé au bout de trois jours par John Frankenheimer … et il n'y a pas à le regretter. Certes Le train, qui devait être un film réflexif est devenu un film d'action où il ne faut chercher aucune vérité historique… mais quel film d'action !
Car, comme l'ont déjà souligné les précédentes contributions, le travail de Frankenheimer est assez remarquable: la réalisation est sobre, sèche, concise. Le jeu du chat et de la souris entre les Nazis et la résistance française est filmé avec élégance et efficacité. Frankenheimer fait montre d'un sens du rythme et de l'espace assez remarquable. Et la photo noir et blanc donne de l'âpreté à ce film au souffle épique indéniable. Vive le noir et blanc !
Certes le casting est, à première vue, incongru: Lancaster en résistant français ou l'acteur shakespearien Scofield en nazi mais les deux acteurs ont donné le meilleur d'eux-même, notamment Lancaster qui incarne ici brillamment une sorte d'ancêtre de John Mc Lane. On regrette de ne pas voir davantage Suzanne Flon et Michel Simon, impayable en cheminot parigot.Certes, outre ce genre de concessions inhérentes aux coproductions internationales, il y a quelques longueurs et quelques belles invraisemblances de temps en temps, mais Le train est le type même de film à la fois divertissant et intelligent que le cinéma américain ne sait plus faire de nos jours. C'est une confirmation de plus du fait que John Frankenheimer était l'un des cinéastes américains les plus talentueux des années 1960.
Et plus étrangement, nous remarquerons que certaines productions américaines des années 60-70 n'hésitaient pas à situer leur action en France et à célébrer l'efficacité de la résistance française ici, comme le fait remarquer Vincentp, ou des services secrets français dans Chacal.
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