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Chef d'oeuvre crépusculaire


De vincentp, le 9 octobre 2015 à 22:06
Note du film : Chef-d'Oeuvre


Revu aujourd'hui sur grand écran dans le cadre de la rétrospective consacrée à Sam Peckinpah. Le récit baigne dans les couleurs automnales (tons orangées et dorées) de Inyo National Forest (Est de la Californie). Les deux personnages principaux sont à l'automne de leur existence. La jeune fille rousse en fleur ajoute un trait complémentaire au tableau. La lumière, la beauté du site confèrent à cet automne conjugué des paysages et des personnages, un caractère majestueux. Par le choix des plans, Scott et Mc Crea se fondent dans le paysage, tutoient les cieux, fusionnent avec la terre. Le camp de mineurs accueille quant à lui le négatif de ce tableau : une sinistre galerie de personnages (le négatif également d'un western ou film urbain de John Ford, tel Le soleil brille pour tout le monde). La palme revient sans doute au juge veule qui a établi ses quartiers au bordel…

La voie à suivre n'est pas celle engagée par les banquiers apeurés, le fermier bigot, les chercheurs d'or dégénérés. Elle est un mixte des voies parallèles empruntées avec difficulté par les trois cow-boys et leur compagne, reposant sur des principes et des vertus tels que Action, Courage, Amitié, Mise en pratique pragmatique d'éléments provenant de la bible, Acceptation des lois naturelles de la nature… Le casting de Ride the high country est parfait (jusqu'aux moindres seconds rôles, tous mis en valeur). Finesse de la direction d'acteurs (les visages très expressifs de Mc Crea et de Scott, tout particulièrement lors du final). La forme du film, sobre -à l'image de la musique discrète-, est magnifique (superbe gestion du temps et de l'espace…). Il s'agit évidemment d'un film plus-que-parfait, très impressionnant par ses qualités artistiques, et aussi l'un des meilleurs films américains…


Revisited today on the big screen as part of the retrospective dedicated to Sam Peckinpah. The story is bathed in the fall colors (orange and golden tones) of Inyo National Forest (Eastern California). The two main characters are in the fall of their existence. The red-haired girl in bloom adds a complementary feature to the picture. The light and the beauty of the site give this autumn, combined with landscapes and characters, a majestic character. By the choice of plans, Scott and Mc Crea blend into the landscape, touch the skies, merge with the earth. The miners' camp hosts the negative of this painting: a sinister gallery of characters (the negative also of a western or urban film by John Ford, such as The Sun Shines for Everyone). The prize undoubtedly goes to the weak judge who has established his quarters at the brothel …

The way forward is not the one taken by the frightened bankers, the bigoted farmer, the degenerate gold diggers. It is a mixture of parallel paths taken with difficulty by the three cowboys and their companion, based on principles and virtues such as Action, Courage, Friendship, Pragmatic implementation of elements from the bible, Acceptance of laws nature's natural… The cast of Ride the High Country is perfect (down to the smallest supporting roles, all highlighted). Finesse of the direction of actors (the very expressive faces of Mc Crea and Scott, especially during the final). The form of the film, sober – like the discreet music – is magnificent (superb management of time and space…). It is obviously a more-than-perfect film, very impressive for its artistic qualities, and also one of the best American films …


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De Impétueux, le 4 juillet 2015 à 18:39
Note du film : 4/6

J'enfonce évidemment des portes ouvertes en indiquant que dès son premier film notable, Sam Peckinpah marque déjà sa fascination pour la décadence du mythique Ouest étasunien, démythification entraînée par le passage du temps et l'irruption de la modernité, mais aussi, évidemment démystification de ses valeurs, réelles ou prétendues. Tout cela culminera dans La horde sauvage et dans Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia !, les mitrailleuses et les avions faisant irruption dans un paysage jusqu'alors dominé par le Colt, la Winchester et le cheval.

Que Coups de feu dans la sierra, d'ailleurs, commence par la scène incongrue où Steve Judd (Joel McCréa), tout de rectitude morale et de fidélité aux traditions presque chevaleresques, se voit, comme une survivance du passé, repoussé de l'espace par une course folle dominée par un dromadaire et dont ferme la marche une voiture automobile va tout à fait dans ce sens. Et la scène suivante, c'est celle des retrouvailles entre Steve et son vieux copain Gil Westrum (Randolph Scott), grimé en Buffalo Bill, hommage dérisoire aux figures du Far-West d'antan…

De toute façon, dans Coups de feu dans la sierra, rien n'est plus comme avant, les références bibliques ne sont employées que par ceux qui vont se faire dézinguer, le fermier Knudsen (R.G. Armstrong ) et Steve Judd, la jeune héroïne Elsa (Mariette Hartley) serait volontiers mise en commun, dès son mariage avec Billy Hammond (James Drury) par les quatre frères du jeune époux et même la mine d'or s'épuise et, au lieu de rapporter les 250 000 $ prévus n'en offre qu'à peine plus de 10 000…

Au fait, Sam Peckinpah, quelques années avant Sergio Leone, de qui on date généralement l'irruption sur les écrans des mentons râpeux et des ponchos luisants de crasse commence là à présenter des personnages qui vivent dans la saleté et la puanteur. L'arrivée de la petite troupe menée par Judd/McCréa au village minier de Coarsegold est bien claire : un seau d'immondices est balancé dans les pattes des chevaux et tout autour, il n'y a plus la haute stature ses sapins et des mélèzes, mais une sorte de terre ravagée, abîmée, boursoufflée de sanies…

La trame de l'intrigue est assez classique, un peu trop semblable à celle de nombre des westerns plus classiques ; comme dans Rio Bravo, à côté de la belle figure du héros positif (John Wayne/Joel McCrea), il y a un adjoint incertain, alcoolique ici (Dean Martin), indélicat là (Randolph Scott) et un pied-tendre qui va apprendre la vie et hériter les valeurs du héros (Ricky Nelson/Ron Starr). On demeure donc un peu trop dans le schéma habituel alors qu'on aurait pu aller davantage gratter du côté des immondes frères Hammond, aussi répugnants que le sont les familles horrifiques et dégénérées de Massacre à la tronçonneuse, La colline a des yeux ou The Devil's Rejects

Contrairement à d'autres amateurs, je trouve que Coups de feu dans la sierra est plutôt une esquisse, une ébauche de ce que seront, quelques années plus tard, les grands films de Peckinpah ; mais qu'il vaut d'être vu en soi, indépendamment de ce qu'on sait être la carrière d'un grand dynamiteur du cinéma mondial.


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