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Pour le roi et pour la patrie


De droudrou, le 21 février 2022 à 07:32
Note du film : 4/6

après avoir lu les interventions de Verdun et Vincentp j'ai commandé le DVD. je reverrai ma note sans aucun doute !


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De verdun, le 20 février 2022 à 19:01
Note du film : 5/6

Réalisé en 1964 par Joseph Losey, quelques mois après le triomphe de The servant, Pour l'exemple est l'un des trois grands films ayant pour thème les fusillés pour l'exemple avec bien évidemment Les sentiers de la gloire de Kubrick et, quelques années plus tard, Les hommes contre de Francesco Rosi. Ici l'action se passe en 1917 sur le front belge. Le soldat anglais Hamp (Tom Courtenay), seul survivant de sa compagnie, déserte suite à un traumatisme cérébral. Repris à Calais, il est renvoyé dans sa tranchée et jugé devant un tribunal militaire. Le capitaine Hargreaves (Dirk Bogarde) va assurer sa défense.

A première vue, Pour l'exemple souffre de la comparaison avec le film de Kubrick: le budget est limité à tel point qu'aucune scène de bataille n'est ici au programme, les origines théâtrales du scénario se font ressentir et le titre français annonce le dénouement avant même qu'on ait visionné la moindre image…

Ces divers handicaps, auxquels il faut ajouter un tournage extrêmement rapide (18 jours !), n'empêchent pas Pour l'exemple d'être au final une des réussites majeures de Losey. La dénonciation de l'absurdité de la guerre et de l'absurdité de la condamnation d'un fusillé pour l'exemple est servie par un découpage rigoureux, une réalisation à la fois esthétique et efficace. Ce style percutant est voisin de celui de celui d'un autre drame guerrier mémorable de la même époque: La colline des hommes perdus de Sidney Lumet. Le face-à-face entre deux des grands acteurs anglais de l'époque, Dirk Bogarde et Tom Courtenay, tient toutes ses promesses. Mais ce qui laisse le souvenir le plus durable est l'ambiance créée par la photo en noir et blanc, l'omniprésence de la pluie, de la boue, des cadavres et des rats, ainsi que l'harmonica lancinant.

On retrouve les thèmes chers à Losey: l'écrasement d'un individu (le soldat Hamp) face à un univers qui le dépasse, les rapports de classe entre le bourgeois Hargreaves et le prolétaire Hamp ou encore une vision "claustrophobe" du monde. Le film s'ouvre par un long panoramique sur un (pompeux) monument aux morts de Hyde Park dédié à l'artillerie anglaise qui s'enchaîne à un deuxième panoramique sur la boue et la pluie des tranchées. Ces deux mouvements de caméra initiaux montrent l'opposition, sur laquelle repose l'oeuvre, entre les nobles idéaux patriotiques et la réalité sordide de la vie dans les tranchées. "Pourquoi vous êtes-vous engagé ?" demande Hargreaves à Hamp. "Pour le roi et pour la patrie" lui répond ce dernier.

La dernière séquence se révèle parfaitement glaçante, servie par une des plus mémorables utilisations jamais faites de ce procédé controversé qu'est le zoom.

Malgré sa modestie, Pour l'exemple est sans conteste l'une des grandes réussites de Losey. Un sommet quelque peu mésestimé de nos jours comme l'illustre l'absence d'une édition française en blu-ray et d'une restauration en haute définition.


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