Résumé

Plutôt que de s'engager dans des boulots abrutissants, précaires ou mal payés ; plutôt que de se contraindre à un rythme de vie qui n'est pas le leur ; plutôt que de recommencer à "perdre sa vie à la gagner", alors qu'ils ont été licenciés ou accidentés, certains de nos concitoyens ont décidé de déserter le marché du travail et de se contenter du RMI (362 euros / mois) pour vivre. Si surprenant que cela puisse paraître, C. Coello et S. Goxe en ont trouvé : deux femmes et cinq hommes, heureux de leur vie, de choix pas toujours faciles à faire mais assumés (Angers plutôt que le Maroc pour les vacances) et, surtout, du temps dont ils disposent désormais pour eux. Des énergumènes (extra-terrestres ?) pour les politiques (de C. Allègre à P. Douste-Blazy) et les adhérents du Médef, que P. Carles a rencontré à l'université 2002 de l'organisation patronale. Pourquoi un tel jugement ? Parce que, comme le scande notre premier ministre pendant son intervention lors de cet événement, le travail c'est le bonheur ! Pourtant à en croire les reportages chez Domino's Pizza, dans une entreprise de télémarketing ou dans une société recrutant des commerciaux, les employés ne sont pas vraiment à la fête. Contrairement aux clients, qui doivent respectivement être "enchantés", vous "entendre" sourire au téléphone ou devenir des "consommateurs à vie". Car quoi de plus important qu'un client heureux ? Pas un travailleur heureux, en tout cas : Eric de Domino's Pizza, qui est obligé de dégager ses oreilles et sa nuque pour répondre à la "norme" édictée par sa maison mère basée aux USA, pourrait en témoigner. Comme ces travailleurs de chez Michelin qui découvrent avec stupeur les écrits de leur patron vantant les valeurs et vertus du contact humain alors qu'il licencie sans états d'âme. Mais quoi de plus normal que ces situations scandaleuses lorsque le spectre du chômage sert de moyen de pression pour faire accepter aux actifs (en poste ou non) des conditions de travail toujours plus difficiles, des salaires de misère et des emplois de plus en plus précaires… Sans parler des plans de licenciements et autres retours sur des acquis sociaux, conquis de longues luttes. Le sociologue Loïc Wacquant apporte, de ce point de vue, une analyse essentielle au travail des trois réalisateurs. Car si leur démonstration apparaît rapidement évidente, elle manque parfois un peu de cohérence dans sa construction et rend le résultat moins jouissif que les précédent films de Carles. Un travail plus didactique sur la situation de l'emploi aurait aussi pu apporter plus de poids à l'argumentaire. Tant pis. Car, pour une fois, la critique d'un des plus puissants instruments de domination est mise en image. Et dans l'ambiance actuelle, le film est vraiment d'intérêt public. (LES FICHES DU CINEMA)

Statistiques

Galerie de photos

(c) img5.allocine.fr